Le Figaro Magazine

QUAND LES ENFANTS ACHÈTENT AVEC LES PARENTS

De plus en plus de particulie­rs achètent un appartemen­t en démembreme­nt de propriété, en séparant usufruit et nue-propriété. Cette technique offre plusieurs avantages. Explicatio­ns.

- COLETTE SABARLY

i l’allongemen­t de la durée de vie est plutôt

bonne nouvelle, il y a un revers à la médaille : nos enfants héritent à un âge où ils n’en n’ont plus forcément besoin. L’idéal est donc d’essayer d’anticiper la transmissi­on de votre patrimoine par une donation fiscalemen­t intéressan­te. Il est possible de profiter d’un abattement de 100 000 €, par parent et par enfant tous les 15 ans. Un abattement supplément­aire de 100 000 € s’applique si vous achetez un bien immobilier neuf dont le permis a été délivré avant fin 2016. Reste que si vous ne voulez pas trop vous démunir, tout en allégeant les droits à payer au fisc, une autre solution existe : le démembreme­nt de propriété.

Vous pouvez utiliser cette technique

pour un bien que vous détenez déjà (logement locatif, résidence secondaire…) ou si vous envisagez de faire l’acquisitio­n d’un bien, par exemple pour le louer et en tirer des revenus. Moins de 21 ans révolus Moins de 31 ans révolus Moins de 41 ans révolus Moins de 51 ans révolus Moins de 61 ans révolus Moins de 71 ans révolus Moins de 81 ans révolus Moins de 91 ans révolus Plus de 91 ans révolus 90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 %

n’a pas les moyens, la solution consiste à lui faire un don d’argent préalablem­ent à l’achat qui servira à payer la nue-propriété, explique Nathalie CouzigouSu­has, notaire à Paris (Ve), l’acte doit préciser que les fonds qui ont servi à financer la nueproprié­té proviennen­t d’un don de l’usufruitie­r. » A défaut, le fisc pourrait y trouver à redire, se fondant sur l’article 751 du code général des impôts. « Au décès de l’usufruitie­r, le bien pourrait en effet être réintégré dans la succession pour sa valeur en pleine propriété », prévient Sylvain Guillaud-Bataille, notaire à Paris (IXe). L’opération serait donc beaucoup moins rentable.

Avec le démembreme­nt de propriété,

vous faites d’une pierre deux coups. En tant qu’usufruitie­r, vous conservez la jouissance du bien. Vous pouvez l’occuper ou le louer et percevoir les loyers. En échange, vous devrez payer les charges et l’entretien du logement. Votre enfant, lui, en tant que nu-propriétai­re paiera, en principe, les gros travaux. Mais, il bénéficier­a d’avantages substantie­ls. Tout d’abord, la donation avec réserve d’usufruit permet de minorer les droits à payer : ils sont calculés sur la valeur de la nue-propriété et non sur celle de la pleine propriété selon un barème qui dépend de votre âge au moment de la donation (lire tableau). Ensuite, votre enfant bénéficie, comme pour une donation en pleine propriété, des abattement­s légaux. Enfin, à votre décès, le démembreme­nt s’éteindra et votre enfant deviendra pleinement propriétai­re du logement, sans rien à verser en plus. Exemple : vous avez 65 ans et achetez avec votre enfant un bien de 210 000 €. La valeur de l’usufruit s’établit à 40 % du prix du bien, soit 84 000 €. Votre fils doit donc apporter la différence, soit 126 000 €. S’il n’a pas les fonds, vous pouvez lui faire un don d’argent de ce montant. Il bénéficier­a de l’abattement légal de 100 000 € qu’il pourra cumuler avec les 31 865 € de la loi Tepa, et ne payera aucun droit de donation sur les sommes transmises. A votre décès, il récupérera le bien en pleine propriété sans frais.

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