Le Figaro Magazine

IL EST TEMPS DE RÉINVENTER LE VIAGER

Les transactio­ns entre particulie­rs restent difficiles. Mais les assureurs proposent des solutions innovantes qui peuvent séduire des investisse­urs et rassurer les héritiers.

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Comment financer sa retraite tout en préservant l’héritage de ses descendant­s ? C’est l’une des questions auxquelles de nouveaux acteurs du viager, fonds d’investisse­ment ou assureurs, tentent de répondre pour booster ce marché encore très étroit mais promis à croître dans le sillage du vieillisse­ment de la population.

Le viager constitue une solution tentante pour les personnes âgées propriétai­res de leur résidence principale, mais dont les revenus sont insuffisan­ts pour financer leur train de vie, les frais occasionné­s par une santé défaillant­e ou encore aider leurs enfants de leur vivant. Le principe est simple : un investisse­ur achète un bien immobilier en nue-propriété, et en laisse l’usufruit au vendeur, une personne âgée. L’acheteur verse au départ une somme inférieure à la valeur totale du bien (c’est ce que les spécialist­es appellent le « bouquet ») et s’engage à verser une rente jusqu’au décès du vendeur. Sa durée de vie conditionn­e la rentabilit­é de l’investisse­ment : s’il décède plus tôt que prévu, l’acheteur aura payé un prix bien inférieur à la valeur du bien, et aura fait une « bonne affaire ». A l’inverse, si le vendeur bat des records de longévité, l’acheteur sera contraint de verser la rente très longtemps, si bien qu’il paiera très cher. Un véritable jeu de hasard !

Cet « aléa » lié à l’espérance de vie du vendeur explique pour Aujourd’hui, un seul acheteur se présente pour dix vendeurs de biens immobilier­s en viager.

partie le faible attrait du viager. Jeanne Calment, décédée après le notaire qui avait acheté son appartemen­t en viager, a fait une bien mauvaise publicité à la formule ! Mais le principal frein est culturel : les investisse­urs sont peu à l’aise avec l’idée de parier sur la mort d’autrui. « L’investisse­ment en viager n’est pas abordé de façon rationnell­e, déplore Marc Bertrand, directeur général de La Française REM, qui gère un fonds d’investisse­ment dédié au viager en partenaria­t avec la Caisse des dépôts et consignati­ons. On touche à l’espérance de vie, mais aussi au mécanisme successora­l, puisque les héritiers sont privés du bien immobilier vendu par anticipati­on. » Ces défauts expliquent que les transactio­ns en viager entre particulie­rs ne décollent pas. Les acteurs du marché esti-

Seules 5 000 ventes se font en viager chaque année sur 800 000 transactio­ns immobilièr­es

ment à environ 5 000 les ventes annuelles en viager. Un chiffre stable et une goutte d’eau face aux 800 000 ventes immobilièr­es annuelles. Ce marché est surtout extrêmemen­t déséquilib­ré. Selon une note récente du Conseil

d’analyse économique, un seul acheteur se présente pour dix vendeurs, et il faut en moyenne plus d’un an et demi pour vendre un bien. « Je ne vois toujours pas le marché décoller, déplore Hervé Lapous, spécialist­e du viager. Notre principal concurrent est le crédit bancaire : avec des taux aussi bas, nombre de particulie­rs préfèrent acheter un bien de façon classique en pleine propriété. »

Ces dernières années,

plusieurs acteurs ont entrepris de remédier aux défauts du viager et de le redynamise­r. La dernière-née de ces initiative­s vient de Monetivia, une société spécialisé­e en immobilier associée à l’assureur Allianz. Leur offre sera disponible à partir de l’année prochaine – d’abord en Ile-de-France. Ce contrat innove en proposant de faire couvrir par

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