HORS D’ÂGE
Voilà autre chose. Quand on visionne les émissions culturelles en replay, il y a toujours avant une publicité vantant les mérites de couches pour adultes. Le générique débute. Sur le canapé du salon, les couples se regardent en chiens de faïence. On voit par là l’idée que les annonceurs se font des lecteurs. Ces gens-là s’imaginent que les clients des librairies ne se déplacent qu’en déambulateur. Les jurés des prix littéraires se doutent-ils qu’ils s’adressent à des vieillards incontinents ? Jadis, le dos des Série noire était orné d’une photo pour le parfum Balafre. Ces moeurs ne sont plus de saison. Aujourd’hui, l’éditeur préférerait coller un placard pour les pompes funèbres. De mon côté, je vais me remettre à « Touche pas à mon poste ». Au moins, les spots évitent de me rappeler sans cesse mon âge. Quelle délicatesse, cet Hanouna !
Encore un truc de vieux. Pariscope a cessé de paraître. Cela fait un choc. Ce fascicule hebdomadaire avait un format lui permettant de tenir dans la poche d’un manteau. Le journal répertoriait les films, les pièces, les restaurants. Le mercredi, on y cochait au feutre les longs-métrages à ne pas rater. Ils étaient classés par genre, par salles, par arrondissements. C’était à une époque le seul moyen d’avoir le programme de la Cinémathèque. Sur une page, les critiques égrenaient leurs étoiles. Longtemps, sous la houlette d’André Halimi puis d’Annick Geille, des écrivains y déclinaient leurs humeurs. Le sang circulait. Une rubrique était consacrée aux spectacles érotiques. On garde un souvenir ému du théâtre des Deux Boules. De vaillants acrobates s’accouplaient dans un filet au-dessus du public. Cela remonte à une période mérovingienne. Aux Champs-Elysées, le Gaumont Ambassade vient de fermer ses portes. La salle va devenir un magasin de chaussures. Dans un coin, le grand blond pleure.
Quelle délicatesse, cet Hanouna !