VALLS EST MAL PARTI
La contradiction n’a pas échappé
à ceux (nombreux) qui veulent son échec. Comment Manuel Valls candidat à la présidentielle pourrait-il convaincre les électeurs de gauche qui rejettent massivement Manuel Valls Premier ministre ? Le dédoublement de personnalité a beau être un phénomène assez répandu en politique, l’exercice s’annonce compliqué.
L’intéressé ne pourra pas s’exonérer
du devoir d’inventaire. Même s’il a revendiqué sans baragouiner un tournant « social-libéral » bienvenu, il faudra bien qu’il reconnaisse l’échec d’une politique économique qui laisse le pays prostré. Ni la baisse des charges pour les entreprises (via le Cice et le pacte de responsabilité), ni les lilliputiennes lois Macron et El Khomri (sitôt votées, sitôt oubliées) n’ont fait baisser le chômage ou ramené la croissance. Manuel Valls rêvait peut-être de débloquer l’économie française mais il n’est allé ni assez vite, ni assez haut, ni assez fort. Et si c’est parce qu’il n’avait pas les mains libres, il faut qu’il le dise.
Mais sans doute espère-t-il pouvoir traiter a minima
ce chapitre peu glorieux pour se parer au plus vite des habits plus seyants du Valls protecteur de la République. Là encore, il faut lui reconnaître un discours assez clair. Mais là non plus, les actes n’ont pas suivi.
A preuve, sa conception de la laïcité.
Contrairement à beaucoup de ses amis politiques qui s’accommodent plus ou moins honteusement du communautarisme, Manuel Valls se montre vigilant, au moins en paroles, face à la progression des signes d’affirmation musulmane dans l’espace public. Le foulard islamique ? « Un objet d’asservissement de la femme. » Le voile à l’université ? Il est contre. Le burkini ? Il est contre aussi. On aurait préféré qu’il mette en pratique ces fortes convictions mais au moins ne les cache-t-il pas. Le problème est qu’il refuse de voir que toutes les religions ne posent pas les mêmes problèmes à la France : il préfère les renvoyer dos à dos avec la même intransigeance. Et gare à ceux qui se mettent en travers de son laïcisme ombrageux. On se souvient de ses déclarations outrées contre la Manif pour tous et son prétendu « message de haine à l’égard de la République » comme de la célérité avec laquelle il envoya la police matraquer les familles qui osaient s’élever contre les projets du gouvernement.
Manuel Valls adore les mots qui claquent :
« République, égalité, laïcité… » Mais aussi « apartheid, ghettoïsation, politique de peuplement… » L’ex-ministre de l’Intérieur regarde la France comme un préfet : il pense, à tort, qu’on peut la changer par la coercition et les grands principes. Au moins peut-on espérer qu’il mette en oeuvre ce volontarisme pour dénoncer, à l’occasion de la primaire de la gauche, tous les archaïsmes de son camp. Mais à en juger par le slogan à la fois creux et confus qu’il a choisi pour sa campagne (« Faire gagner tout ce qui nous rassemble »), c’est mal parti.
IL N’A CONVAINCU NI COMME RÉFORMATEUR
NI COMME PROTECTEUR DE LA NATION