22 ANS, NOUVEAU MAIRE DE FLORANGE
Ce jeune étudiant filloniste vient de prendre la direction d’une commune traumatisée par la désindustrialisation et les promesses non tenues.
SFils d’une infirmière et d’un ouvrier, ce jeune homme à l’allure très sérieuse s’est engagé en politique dès l’âge de 15 ans. Mais il n’aurait jamais pensé devenir maire de sa ville à 22 ans ! oyons juste : pour l’instant, il n’a encore rien fait qui autorise à chanter ses louanges. Sinon se trouver au bon endroit au bon moment, à deux reprises, ce qui n’est certes pas négligeable pour réussir en politique. La première fois, c’était en mars 2014, aux élections municipales. Rémi Dick avait accepté d’être la caution « jeune » d’un candidat divers droite de 66 ans, Michel Decker, en apposant son nom à la dernière et 26e place d’une liste qui n’avait pas la moindre chance de l’emporter… mais qui le fit pourtant, dès le premier tour, à la stupéfaction générale. L’électorat socialiste, largement majoritaire en ces terres ouvrières du Nord-Est, ne s’était tout simplement pas déplacé (plus de 49 % d’abstention), sans doute écoeuré par la fermeture des hauts fourneaux sidérurgiques que le candidat François Hollande s’était engagé à sauver, avant que son ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, ne promette carrément de les nationaliser.
Le second coup de chance du jeune homme, devenu entre-temps étudiant à Sciences Po Paris, est plus récent. Il remonte au conseil municipal extraordinaire du 1er décembre dernier, convoqué pour élire un nouveau maire en remplacement de Michel Decker, professeur de physique-chimie et entraîneur de football dans le civil, que ses manipulations explosives en salle de classe et autres coups de pied sur le terrain n’avaient pas suffisamment endurci contre ce qu’il a appelé « les vilenies de la politique politicienne ». Son adjoint aux Finances semblait tout désigné pour remplacer le démissionnaire, mais il n’y tenait pas vraiment, lui non plus. En politicien roué, cet adjoint s’entendit donc en secret avec le plus jeune élu de sa majorité – seul à ne pas s’être mêlé de ses querelles – pour feindre d’être candidat afin de concentrer les attaques contre lui, et ne présenter que Dick au moment du vote. Et voilà comment, candidat surprise et candidat unique, celui-ci est devenu sans coup férir le plus jeune maire de France. En charge d’une commune de près de 12 000 habitants où le chômage aurait augmenté, d’après Michel Decker, « de plus de 30 % en trois ans ». Déchirée, qui plus est, par des conflits sociaux et politiciens que les journaux locaux qualifient d’« énormes ». Mais ce militant UMP de la première heure – pour Sarkozy entre les âges de 15 et 17 ans, pour Fillon durant la campagne de la primaire – n’a pas trop l’air de s’en émouvoir. Convaincu que « la jeunesse n’est pas synonyme d’incompétence », Rémi Dick estime au contraire qu’elle représente un atout pour sa ville : « L’idée d’avoir un maire jeune peut déjà apporter quelque chose de plus positif que la sinistrose ambiante quand on entend parler de Florange. » Un bon début, assurément. Mais tout reste à faire, et à prouver.