Le Figaro Magazine

DES SAPINS

- GHISLAIN DE MONTALEMBE­RT

Coriginair­e des montagnes du nord de l’Europe (Ardennes, Ecosse…), a pour lui son feuillage dense et profond, sa forme conique, la finesse de ses aiguilles et surtout, son parfum de résine à nul autre pareil, évocateur des Noëls de notre enfance. Cerise sur le sapin, la rapidité de la croissance de l’épicéa (huit ans pour atteindre 2 mètres de hauteur) permet de vendre celui-ci à un prix défiant toute concurrenc­e (20,30 €). Fort de tels arguments, il est resté pendant des années le leader incontesté des arbres de Noël en France. En 2002, il représenta­it encore 55,6 % des sapins achetés par les Français… chiffre qui a progressiv­ement décru depuis, pour tomber à 24,3 % en 2015.

L’épicéa,

(Abies nordmannia­na) lui a ravi la vedette. Le favori des Français, désormais, c’est lui ! En décembre 2015, 72,8 % des sapins de Noël vendus dans le commerce étaient des nordmanns (enquête TNS Sofres). Faut-il dès lors s’étonner que ce soit un nordmann qui orne chaque année la cour du palais de l’Elysée au mois de décembre ? Introduit en Europe au milieu du XIXe siècle, cet arbre issu de la famille des pinacées doit son nom au botaniste Alexander von Nordmann qui en fit parvenir les premières graines en 1838 après en avoir découvert l’existence dans le Caucase, alors qu’il enseignait l’histoire naturelle à Odessa. D’où le nom parfois employé de sapin du Caucase. Doté d’une silhouette pyramidale, il offre des étages touffus et bien marqués, ce qui facilite sa décoration. Ses aiguilles vert foncé sont souples et douces. Mais son véritable atout, par rapport aux autres catégories de sapins, tient à l’excellence de sa tenue : il résiste à la sécheresse des maisons et conserve ses aiguilles beaucoup plus longtemps. Un argument qui fait oublier son prix (28,40 €), un peu plus élevé que celui de l’épicéa.

Le nordmann

D’autres espèces de sapins rentrent chaque année dans la compétitio­n : l’omorika aux aiguilles argentées, le nobilis, reconnaiss­able à son odeur d’agrume, le pungens dit aussi sapin bleu… Par ailleurs, l’épicéa n’a pas dit son dernier mot : il redresse même la tête depuis peu. Les Français regrettera­ient-ils l’odorant et fier sapin de leur enfance ? En 2015, la courbe de l’épicéa s’est inversée : sa part de marché a grimpé de 0,6 point… Si cela continue, l’an prochain, il sera à l’Elysée !

Mais le match n’est pas joué pour autant.

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