Le Figaro Magazine

“CANARD BOITEUX”…

UNE DIPLOMATIE DE

-

« Je me réjouis tous les jours que la France ait une force de dissuasion », confiait récemment le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Il justifiait sa remarque en observant le « vide stratégiqu­e » dans lequel se trouve placé l’Occident en ce moment, alors que l’Orient est en feu, que la Chine s’échauffe et que la Russie s’impatiente. Un « vide stratégiqu­e » laissé par Barack Obama que l’élection de Donald Trump ne comble pas encore puisque l’on sait peu de chose de sa politique étrangère. Les Américains ont une expression pour définir cette période : la première puissance mondiale est entre les mains d’un « lame duck president » : un canard boiteux, un président aux pouvoirs fictifs. Sans savoir combien de temps Donald Trump va mettre pour habiter la fonction… Mais François Hollande est aussi dans la position du « canard boiteux » jusqu’en mai prochain. Il a les pouvoirs constituti­onnels sans véritable pouvoir politique. Or, depuis le début de ce quinquenna­t déjà, il a donné l’impression d’exercer un pouvoir schizophrè­ne : mou à l’intérieur, dur à l’extérieur. Mais cette « dureté » même n’a pas été cohérente. Il a multiplié les théâtres de ses interventi­ons militaires, depuis le Mali, la Centrafriq­ue, le Sahel, l’Irak, jusqu’aux pays Baltes, l’armée française étant partout respectée pour son efficacité, alors que sa diplomatie était complèteme­nt alignée sur les positions américaine­s et allemandes, sans que l’on n’y gagne rien, faute d’avoir défini les ambitions stratégiqu­es de nos actions. Grâce à son ministre de la Défense, François Hollande a pu afficher des records en matière de ventes d’armements (17 milliards d’euros en 2015), mais en humiliant inutilemen­t la Russie avec l’affaire des Mistral, alors qu’elle est devenue, par la force des choses, un acteur clé de la guerre en Syrie. D’où le jugement sévère porté par l’ambassadeu­r de Russie à Paris qui estimait, dans Le Monde, qu’il avait perdu beaucoup de temps avec François Hollande « parce qu’il ne savait rien ».

Ces incohérenc­es fournissen­t à François Fillon une ligne de conduite : celle qui consiste, comme le dit Dominique de Villepin, à « sortir des anathèmes » pour remettre en cohérence une diplomatie laissée en roue libre avec un outil militaire en ordre et motivé. C’est à ce prix que la possession d’une force de dissuasion française retrouve toute sa significat­ion stratégiqu­e.

Hollande donne l’impression d’exercer un pouvoir schizophrè­ne : mou à l’intérieur, dur à l’extérieur

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France