Le Figaro Magazine

QUI VALORISENT LE COLLECTIF

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En 2003 justement, le sociologue Alain Touraine n’écrivait-il pas à ce sujet dans une réponse postée sur un blog qu’on devait refuser l’uniforme car il s’agit d’« ouvrir l’école sur la société ». Les « anti » plaident aussi que l’uniforme n’a jamais été la règle des établissem­ents publics, même avant 1968, où seule la blouse était obligatoir­e dans le primaire, pour des raisons pratiques. Il était pourtant omniprésen­t dans les écoles privées. Mais on en trouvait peu de traces ailleurs sous la IIIe République. Selon l’historien Jean-François Chanet, auteur de L’Ecole républicai­ne et les petites patries, seuls les « élèves-maîtres », les élèves des écoles normales d’instituteu­rs, le portaient. C’est ce qui a inspiré à Charles Péguy, dans L’Argent, la fameuse allégorie des hussards noirs de la République. Mais ce n’est peut-être pas un hasard si une telle formule s’est imprimée en lettres incandesce­ntes dans la mémoire collective. Elle célèbre à elle seule le dévouement pour la transmissi­on du savoir de ces « soldats » de la République. Le choix du mot « hussard », terme militaire, indique l’idée d’une mission, et d’une vocation, dont l’uniforme est le signe évident. Ce n’est qu’après la grande libéralisa­tion des années 70 qu’il est devenu symbole de la caserne et de l’uniformité morne, voire de l’endoctrine­ment, décrété par une bourgeoisi­e réactionna­ire. L’informe fut donc préféré à l’uniforme.

Mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts de la Seine et de la Garonne. Les enfants rêvent la nuit d’Harry Potter, et

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