L’EXCENTRICITÉ
n’empêche pas les élèves de se « différencier par leurs coiffures », comme nous le fait remarquer un diplomate britannique. « Cela n’écrase pas les personnalités et c’est chez nous que l’excentricité se porte le mieux », ajoute-t-il. Les « uniformistes » - qu’on pardonne ce néologisme - sont sensibles à l’idée d’une séparation visuelle entre le monde des études et le reste de la société. Un monde où l’enfant n’est pas seulement le roi de ses désirs, mais l’élève qui apprend en suivant des règles. Les partisans de la tenue scolaire ne rêvent pas d’un retour au boulier compteur. Ils revendiquent le besoin humain de distinguer les usages, une manifestation visible des différences d’âges. Ce n’est pas le retour des néos-bougeois, mais la conviction que l’élève, sujet à part, doit être habillé différemment. Au-delà de ses aspects pratiques, la question a une dimension philosophique qu’on serait bien inspiré de considérer avec moins de mépris. S’il devait être étayé par une observation sociologique bien connue, on pourrait y voir une analogie avec la fameuse théorie de la vitre brisée, appliquée à New York dans les années 1990 pour lutter contre le chaos et l’insécurité. Elle prouve que le sentiment d’insécurité est d’abord provoqué par les petites incivilités – telles que les carreaux cassés - qui engendrent un sentiment d’impunité favorable au passage à l’acte. Elle démontre que les détails du quotidien comptent, et créent un climat favorable. Evidemment, plaider pour l’uniforme n’empêche pas d’en souligner les limites. C’est ce que fait valoir le directeur de l’Institut Montaigne, Laurent Bigorgne. Il souligne que s’il est une évidence en Grande-Bretagne, c’est parce qu’il est « l’expression d’un continuum entre l’école et les activités