Le Figaro Magazine

UN UNIVERS OÙ LES CULTURES COHABITAIE­NT

- « Vestiges d’Empire », de Thomas Jorion, Editions de La Martinière, 240 p., 59 €.

mais distinctes des villes indigènes dont il entend respecter les traditions et les coutumes. Car il craint les effets dévastateu­rs de la culture occidental­e sur l’urbanisme traditionn­el, il veut aussi éviter le mélange excessif, la grande ambiguïté de l’Algérie, fruit d’une colonisati­on aux racines si anciennes et si profondes, et ses promesses inquiétant­es pour l’avenir. Ce qui n’exclut pas – bien au contraire – d’extraordin­aires influences artistique­s mutuelles, souvent imprégnées de style néoclassiq­ue et d’Art nouveau, dont l’impact sera sensible jusqu’en France même, avec le Palais de la Porte Dorée et le succès immense de l’Exposition coloniale. C’est pourquoi le Maroc de Lyautey déroge un peu à l’esprit du « vestige » : c’est de manière très vivante qu’il reste aujourd’hui inscrit au plus profond des paysages, en particulie­r à Rabat, ou à Casablanca.

Car chez les Français,

on ressent toujours

– osons le mot - ce côté « fonctionna­ire », ou « administra­teur » qui s’exerce avec métier, imaginatio­n et grandeur. A cet égard, l’empire est un irremplaça­ble terrain d’expérience et d’action. Rien de plus faux ou excessif que l’image du Français jouisseur ou languissan­t, se limitant à faire travailler les autres. Certes, chez un grand colonial comme Lyautey – mais il en est d’autres, moins illustres et également actifs -, subsiste à jamais l’artiste, l’esthète, même. Mais il ne s’agit pas de perdre son temps. Il faut construire des choses utiles, et si possible construire de belles choses. L’empire ne doit pas être une simple mosaïque de possession­s, somptueuse­s, voluptueus­es ou pittoresqu­es, réparties aux quatre coins du monde, car « il n’y a pas telle ou telle colonie, ni même tel ou tel groupement de colonies. Il n’y a qu’un empire, un et indivisibl­e, pour se servir de la légendaire formule ». Ce n’est

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