Le Figaro Magazine

LAURENCE GRAFF : “JE REGRETTE

Spécialist­e des diamants, le joaillier anglais vient d’ouvrir son premier magasin à Paris. Interview exclusive d’un self-made-man qui a bâti un véritable empire familial indépendan­t.

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n’ont pas transmis leurs affaires. Pratiqueme­nt toutes les maisons installées dans ce quartier appartienn­ent désormais à LVMH ou à Richemont. Nous, nous sommes indépendan­ts. J’ai fondé ma société en 1960 à Londres, mon fils François en est le président et d’autres membres de ma famille y travaillen­t. Dans notre atelier londonien, nous fabriquons 100 % de nos modèles de joaillerie et nous sommes aussi producteur­s de diamants. Donc, c’est complèteme­nt différent. Nous avons notre place à Paris. D’ailleurs, nous allons conserver le salon que nous devions ouvrir dans l’hôtel Costes avant que je reçoive ce coup de téléphone d’Al-Fayed : « Souhaiteri­ez-vous venir voir un emplacemen­t qui vient de se libérer place Vendôme ? » En trente secondes je l’ai pris, sans négocier, j’ai tout de suite su ce que j’allais en faire. J’ai appelé notre décorateur d’intérieur Peter Marino en lui disant : « Je veux retourner au glamour des années 1950, que vous me fassiez un écrin dans lequel je mettrai les bijoux les plus fabuleux au monde ! » Et c’est le cas ?

Oui, sans aucun doute : nous avons le plus beau stock de Paris. Moins de six mois après cette ouverture, nous avons déjà réalisé des ventes très importante­s.

Vous êtes davantage connu pour la qualité de vos pierres que pour le design de vos modèles…

C’est exact.

Est-ce un choix ?

Non. Nous avons une excellente équipe de dessinateu­rs, mais nous ne sommes pas la marque la plus artistique du marché. Notre style est classique, nos bijoux doivent être faciles à porter avec un tomber et une allure parfaites. Nous accordons une importance particuliè­re aux gemmes, car nous en produisons et en taillons la plupart. De la mine aux joyaux présentés dans notre cinquantai­ne de magasins, nous maîtrisons toutes les étapes de la production. Nous sommes le seul joaillier de la planète à posséder une telle intégratio­n verticale.

Savez-vous à l’avance ce qu’un diamant brut a dans le ventre ? Il y a toujours un risque. Avant de l’avoir acheté, on ne peut l’examiner qu’avec une loupe et encore, très brièvement. Une fois qu’on l’a payé, on croise les doigts pour ne pas avoir de crise cardiaque lorsqu’on le passe au scanner. C’est l’expérience d’une vie et le fruit d’un travail d’équipe avec les meilleurs experts. On me propose différents types de taille, je prends la décision finale. En général c’est la bonne, bien que j’aie eu quelques ratés, minimes, dans toute ma carrière. Disons que j’ai l’oeil et le nez. Sachez que, si un diamant est VVS, il perd 30 % de sa valeur. Nous devons donc être justes dans nos calculs et le sortir à un prix qui correspond à celui du marché. Autrefois, on pouvait se permettre

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PROPOS RECUEILLIS PAR FABIENNE REYBAUD

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