UN TEMPS DE CHIEN
Les amendes doivent être salées. Sur les trottoirs, les crottes de chien sont rares. Cela change. Les maîtres les ramassent grâce à des sacs plastique. Leurs gestes sont délicats. Ils se penchent, jettent des regards inquiets à droite et à gauche, se dirigent vers la poubelle d’un pas détaché, une main dans le dos. Un murmure s’échappe de leurs lèvres. Ils pestent contre les lois de la république. En ce moment, les fox-terriers ont le vent en poupe. Selon nos informateurs, le pocket beagle nous menace. La mode s’immisce jusqu’aux refuges de la SPA. A une époque, le jack russel régnait au bout des laisses. On ne voit plus du tout de dalmatiens. Il faudrait que Disney ressorte le dessin animé. Toutes les femmes voudraient ressembler à Cruella. Les bergers allemands ont pratiquement disparu. Même les patrons de café n’osent plus s’afficher avec. Où sont passés les descendants de Rintintin ? Le caniche se cache. Belmondo n’a plus de chihuahua. Michel Drucker avait, je crois, un lévrier. Les appartements d’aujourd’hui sont trop petits pour abriter des danois. Les setters irlandais laissaient des poils partout. Les carlins émettent des grognements préhistoriques. Bien malin qui fera la différence entre un teckel et un basset. On s’y perd. Heureusement, le prix 30 millions d’amis existe toujours. L’émission, elle, a été supprimée. Devant le poste vide, des aboiements de détresse s’élèvent jusqu’au plafond. Il paraît qu’une journaliste avait baptisé son compagnon à quatre pattes Louis-Ferdinand. On ne veut pas le croire. Dans les années 70, Delphine Seyrig et Sami Frey avaient bien nommé le leur Révolution. Ah, les braves gens ! Il y avait un labrador à l’Elysée. Il s’appelait Nil. Etait-ce celui de Giscard ou de Mitterrand ? Et le Philae de Hollande ? Pauvre animal. Il doit se cacher, tiens.
Belmondo n’a plus de chihuahua