BEAU LIVRE UN DOUX PARFUM DE NOSTALGÉRIE
LES PIEDS-NOIRS. L’ÉPOPÉE D’UN PEUPLE, de Christophe Rouet, Editions De Borée, 200 p., 34 €.
Enfin un ouvrage qui évoque dans sa spécificité culturelle et sociologique ce « peuple pied-noir » trop souvent réduit à la caricature du « couscous, merguez et anisette ».
C’est dans les livres et les documents, mais aussi à travers de nombreuses rencontres que Christophe Rouet, parcourant des milliers de kilomètres avec sa vieille Renault, est parti à la recherche d’une Algérie perdue, celle d’avant l’indépendance. Puzzle mémoriel reconstitué par des mots et des photos qui touchent. Porté par une forte empathie tempérée par la réflexion, l’auteur plonge dans l’histoire heureuse et tourmentée de ces Français d’Algérie. Plus de cinquante ans après le traumatisme de l’exode, leur identité complexe s’est muée en « régionalisme sans terre ».
On retrouve leur art de vivre chaleureux, gastronomie comprise, qui s’est forgé en cent trente ans de présence française. On revoit ces villes de « là-bas », Oran, Bab el-Oued, Bône ou Constantine. On rappelle aussi que l’Antiquité romaine, dont il reste tant de traces en Afrique du Nord, a toujours été pour eux un repère culturel (relisons Noces à Tipasa, de Camus, pages solaires entre toutes). Le mot « pied-noir » n’est apparu qu’en 1954 : avant, on parlait de Français d’Algérie, même s’ils venaient aussi de Malte, d’Espagne ou d’Italie.