L’ART ET LES MANIÈRES
LE TABLEAU, de Laurence Venturi, Albin Michel, 345 p., 19,50 €.
Tout ce qu’on peut accumuler en six ans de mariage ! Laura patauge dans sa cave inondée. Elle écope et éponge afin de sauver bibelots et vieilles babioles du naufrage. Et prévenir la tristesse de son mari lorsqu’il constatera que les tableaux hérités de son grand-père, petit immigré italien devenu un illustre tailleur parisien des années 20 et le héros de la famille, ont pris l’eau. Au milieu de ces « croûtes » sans valeur (dixit un commissaire-priseur venu les examiner quelques années plutôt), elle tombe sur un portrait de femme anonyme, une huile réalisée sur carton et annotée d’une inscription au dos : Mme Hasting. La maîtresse de Modigliani ! Laura s’emballe, prend contact avec des experts, court de bibliothèques en librairies spécialisées… Et se heurte au milieu de l’art : malgré les analyses scientifiques probantes et l’apparition de la signature du peintre italien après restauration, le tableau ne figure pas au catalogue raisonné de l’artiste. Donc il n’existe pas. Pour prouver son authenticité, elle doit découvrir comment le grand-père s’est retrouvé en sa possession.
Qui n’a pas rêvé de dénicher un trésor dans son grenier ? Au-delà d’un apparent conte de fées, cette histoire de Laurence Venturi aux allures d’enquête policière entre Paris, Rome et la Vénétie est aussi celle d’une obsession. Le joli récit romanesque d’une idée louable qui, en devenant fixe, libère les fantômes des placards, brise les légendes et sème le chaos.