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On est au coeur du XVIIIe siècle, dans la société aristocratique. Un jeune gandin parisien, très joli garçon, est promis à la main d’une jeune fille de la meilleure noblesse provinciale, très jolie aussi. Il arrive à la campagne pour célébrer les noces. Il fait l’intéressant, il joue le bel indifférent, il est gracieux mais ridicule, à la mode parisienne. C’est un petit-maître, on appelait ainsi l’un de ces jeunes seigneurs aux manières précieuses qui professaient le mépris des femmes et du mariage. Il cache le penchant que lui inspire Hortense sous une désinvolture odieuse. Elle, solide et prudente, est séduite par son charme, mais le trouve insupportable et veut en savoir davantage sur ses sentiments. Le mariage est compromis, en dépit des efforts de leurs valets respectifs qui tombent incontinent amoureux l’un de l’autre, Marivaux oblige. Qu’en sera-t-il ? Telle est la trame de cette comédie à la fois sociale, morale et psychologique.
Ce n’est pas la meilleure de Marivaux, bien qu’elle soit pleine de fraîcheur. Et d’ailleurs, sa fortune scénique fut brève : elle ne fut jouée que deux fois à la ComédieFrançaise lors de sa création, et jamais depuis. Et s’il est vrai que le thème de l’intrigue est intéressant (l’aveu amoureux contrarié par des motifs subalternes), la construction de la pièce, habile, et son écriture, délicieuse, la psychologie des personnages est assez légère. On sait gré néanmoins à Clément Hervieu-Léger, expert en matière de XVIIIe siècle, d’avoir tiré de l’ombre cette pastorale sentimentale. Pour deux raisons au moins : l’interprétation et la mise en scène, l’une et l’autre remarquables de vivacité et d’intelligence. Tout le XVIIIe est là, et tout Marivaux avec sa transparence, son élégance, son esprit. La scénographie d’Eric Ruf y ajoute beaucoup. La pièce se joue dans un décor de plein air, sur une sorte de dune plantée en avant-scène d’une végétation délicate où les acteurs se livrent à un mouvement perpétuel plein de grâce et de fantaisie. La troupe est dirigée au mieux dans de très beaux costumes de Caroline de Vivaise. Autour de Dominique Blanc, Didier Sandre et Florence Viala, un quatuor de jeunes et beaux comédiens rivalisent de talent : Loïc Corbery, un petit-maître plus vrai que nature, et Claire de La Rüe du Can, très émouvante dans la frustration amoureuse, et leurs deux valets, l’excellent Christophe Montenez, et une formidable Adeline d’Hermy, qui confirme une personnalité exceptionnelle. Seul regret : la présence en arrière-scène d’une énorme structure métallique qui est une offense à la qualité de l’acoustique et à l’oeil.
de Marivaux. Mise en scène de Clément Hervieu-Léger, avec Dominique Blanc, Didier Sandre, Florence Viala… Comédie Française – Salle Richelieu remier de la classe, et haut la main : le cirque
Au croisement de la pièce de boulevard et du cirque, quatre acrobates aussi chics qu’habiles nous tiennent en haleine pendant une heure quinze. De la haute voltige physique et théâtrale (Bobino à 19 heures, jusqu’au 14 janvier).
A la Villette, la compagnie (photo) investit avec Klaxon l’Espace chapiteaux jusqu’au 31 décembre. Il faut souffrir un début faible et potache avant que le spectacle ne démarre vraiment et ne s’endiable. Cette production très musicale – il y a quasiment autant de musiciens que de circassiens sur scène – est un superbe capharnaüm où vous irez prendre votre dose de folie hivernale. On y fait des prouesses avec les accessoires comme on y détourne les Variations Goldberg de Bach. La troupe ne manque pas d’originalité et elle amuse beaucoup. Comme quoi l’inattendu fait du bien.
Au Cirque d’Hiver, la famille présente jusqu’au 26 février son spectacle Surprise qui n’en a que le nom. Ici, point d’originalité, certes, mais du cirque traditionnel de bonne facture. Son Monsieur Loyal, ses clowns, d’excellents numéros de piste comme celui de hula hoop avec le déhanché spectaculaire de Victoria Bouglione, des voltiges incroyables, un main à main sensationnel… Le tout est animé par Totti, un clown aussi sympathique que désopilant qui emporte le public en quelques mots. L’arrivée des éléphants et des tout petits poneys fait évidemment beaucoup d’effet aux enfants.
Au CirkaCuba est une production dont les artistes ont été recrutés à… Cuba. On est donc ici à la fois dans la musique, le cabaret, la danse et le cirque. Des numéros très traditionnels, précis, de haut niveau et habillés de salsa et d’opéra. C’est un joli divertissement, exotique, et qui déborde d’énergie (jusqu’au 15 janvier).
Sous le chapiteau de la Porte de Passy jusqu’au 19 février, le cirque et ses Farfadais renouvellent le genre à grand renfort de paillettes et d’éclairages très soignés. On oubliera la dramaturgie de ce spectacle, si ténue qu’elle en perd tout intérêt. En revanche, entre les numéros équestres et ceux plus aériens, l’équilibre est parfait. La soirée passe comme un rêve.
Le Roux. cirque Phénix, Alexis Gruss Akoreacro Bouglione