L’EUROPE BLESSÉE
AParis, à Bruxelles, à Nice et maintenant à Berlin. Partout, le terrorisme blesse l’Europe. Et pas seulement dans sa chair. Cette violence endémique met à mal la vision même que nous avions de notre continent.
A l’été 2015, Angela Merkel
l’avait promis : « Nous y arriverons. » Elle parlait de l’accueil massif des migrants venus de Syrie ou d’Irak, fuyant l’Etat islamique. Mais ce « wir schaffen das » signifiait bien davantage. Dans l’esprit et le coeur de la chancelière, il y avait la conviction que l’Europe pouvait encore s’ouvrir largement à l’immigration, que les membres de l’Union y prendraient chacun leur part, que la bonne volonté des pays d’accueil suffirait à assurer la concorde entre autochtones et nouveaux arrivants.
Mais la violence des attentats successifs a bouleversé tous les plans : le lien entre immigration, islam et terrorisme s’est installé dans les esprits. Qu’elles soient commises par des migrants de fraîche date ou des détenteurs de passeport européen, ces attaques ont révélé une haine inédite envers les Occidentaux, les juifs et les chrétiens. Des ennemis nous font la guerre sur notre sol même. Et pendant ce temps, nous ouvrons grandes nos portes à de nouveaux immigrés, sans parvenir à en contenir le flux. Car, contrairement à ce qui avait été annoncé, les migrants sont moins des familles réfugiées d’Irak et de Syrie qu’une multitude de jeunes hommes en provenance d’Afghanistan, du Pakistan, d’Erythrée, du Soudan voire du Kosovo. Et des drames comme les viols en série de Cologne ont eu raison de l’enthousiasme généreux accueillant les premiers trains de réfugiés. Affaiblie par la percée du parti anti-immigration AfD, contestée par ses compatriotes, Angela Merkel a fini par le reconnaître il y a trois mois : « wire schaffen das », c’est fini.
Mais ce sursaut de lucidité arrive trop tard. Les dégâts de ce que l’on appelle pudiquement « la crise des réfugiés » sont terribles. Les frontières, quand ce ne sont pas les murs, ont resurgi partout en Europe. Les pays de l’est de l’Union, Hongrie en tête, ont ouvertement rompu avec les règles de coopération qui prévalaient depuis un demi-siècle. Et c’est d’abord parce qu’ils voulaient mettre un coup d’arrêt à l’immigration que les Britanniques ont choisi le Brexit. Depuis les attentats de 2005 à Londres, revendiqués par al-Qaida, ils étaient bien placés pour savoir qu’une politique d’accueil généreuse ne garantissait pas une conduite pacifique des nouveaux arrivants.
A l’heure où ce magazine était bouclé, on ignorait l’identité du ou des auteurs du massacre de Berlin et leur motivation. Mais quelle que soit celle-ci, il est certain que des milliers d’islamistes, eux-mêmes soutenus par un second cercle de plusieurs dizaines de milliers de sympathisants, sont en mesure de passer à l’action en Europe. Est-il raisonnable d’accueillir encore des populations ne parlant pas nos langues, dont la religion, la culture et les moeurs sont aux antipodes de nos modes de vie ? On ne connaît pas nécessairement les terroristes d’aujourd’hui mais on sait qui sont les radicalisés de demain.
LES ATTENTATS SUCCESSIFS ONT ACCRÉDITÉ LE LIEN ENTRE IMMIGRATION, ISLAM ET TERRORISME