JOUR 1, LONDRES UNE JOURNÉE À ZÉRO DEGRÉ
Au-dessus de la Tamise tourbillonne la grande roue du Millénaire. Depuis l’an 2000, London Eye observe la capitale britannique : Big Ben, Charing Cross, Westminster, Waterloo… la ville de Mr. Fogg. Le tour du monde de Jules Verne ne pouvait commencer qu’ici, en Angleterre, dans la capitale du temps qui va et des fabuleuses mécaniques de l’ère industrielle. Partout dans Londres subsistent des vestiges du siècle de Phileas. Au mur de la National Gallery, une locomotive pourfend l’averse à 150 kilomètres à l’heure et pulvérise le paysage. En 1844, William Turner peint Pluie, vapeur et vitesse, l’étonnant portrait d’une époque qui défie les distances. Cependant, c’est dans un recoin du British Museum que nous avons déniché le symbole même de notre périple : une extraordinaire horloge de 1820. Le temps y est figuré par une bille qui court le long d’une planche. Il lui faut trente secondes pour traverser son petit circuit. Une minute pour un aller-retour. Elle parcourt ainsi 4 200 kilomètres par an. Peu précise, cette machine mesure le temps en mouvement. Or voilà la grande affaire du héros de Jules Verne ! Le Tour du monde en 80 jours s’ouvre, en gare de Charing Cross, à trois pas de la statue de Charles Ier, point zéro officiel de la ville de Londres et des routes du Royaume-Uni. « A huit heures quarante, Phileas Fogg et son domestique prirent place dans le même compartiment. A huit heures quarante-cinq, un coup de sifflet retentit et le train se mit en marche. » Ainsi commence le plus fabuleux contre-la-montre de la littérature.
En 1872, Fogg ne part pas découvrir le monde,
mais se confronter à sa circonférence. Douze ans plus tard, la conférence de Washington partagera la planète en 24 fuseaux horaires et désignera Greenwich comme méridien d’origine. Chaque jour, des centaines de touristes visitent l’Observatoire royal de Greenwich, un joli pavillon posé sur une colline en aval de Londres. Il n’y a pourtant rien de particulier à voir, sinon une ligne étirée sur le sol, un repère universel pour tous les bateaux et les avions qui sillonnent la planète. On vient ici comme en pèlerinage fouler l’endroit où se rencontrent les hémisphères est et ouest. Notre temps s’oriente donc selon cette curieuse frontière tracée sur les pavés. Mais la pimpante Greenwich est aussi dominée par les mâts du Cutty Sark, un vaillant clipper qui, au XIXe siècle, sillonnait les océans, de Londres à Wellington en passant par Hongkong.
Dès 1895, un accord entre plusieurs compagnies maritimes permet aux agences de voyages de proposer un « billet tour du monde » à 2 875 francs, soit plus de 1,1 million d’euros ! Le fantasque millionnaire est aussi un pionnier du