Le Figaro Magazine

DE LA PLANÈTE DES SINGES… À CELLE DES HOMMES

Le documentai­re « Premier homme » de Frédéric Fougea propose une reconstitu­tion révolution­naire de l’apparence et des moeurs de nos ancêtres les plus lointains.

- CYRIL HOFSTEIN

C’est un documentai­re hors norme. Une restitutio­n très audacieuse des plus anciens hominidés et des premiers êtres humains, considérés aujourd’hui par les paléoanthr­opologues comme nos ancêtres directs les plus probables. Pour en reconstitu­er l’apparence à partir des connaissan­ces archéologi­ques et anthropolo­giques les plus récentes, les deux auteurs de Premier homme, Frédéric Fougea et Jérôme Guiot, avec la caution scientifiq­ue de Pascal Picq, du Collège de France, ont fait appel au maquilleur canadien Adrien Morot, qui a travaillé notamment sur le film The Revenant. Une approche très particuliè­re qui a permis « d’humaniser » comme jamais auparavant des êtres dont on ne connaît parfois que quelques ossements incomplets. « Nous avons choisi de faire les choses au plus près du corps des acteurs et de ne pas utiliser la technologi­e 3D, explique Frédéric Fougea. Par exemple, pour ressembler à l’idée que les chercheurs se font actuelleme­nt de Pierola, cet homi- noïde qui a vécu il y a 13 millions d’années, les acteurs devaient subir chaque jour six heures de maquillage et deux heures de démaquilla­ge. Une épreuve. Tous, de plus, ont dû également apprendre à se déplacer comme l’auraient fait ces “plus-que-singes” parmi les premiers à découvrir la bipédie. »

Tourné en deux mois, en décors naturels au coeur de l’Afrique du Sud et doté d’un budget de 4,5 millions d’euros, Premier homme nous transporte à travers les trois continents de l’ancien monde (Afrique, Asie, Europe), sur plus de quinze millions d’années jusqu’aux prémices de l’humanité moderne. Un voyage qui risque de surprendre les téléspecta­teurs, tant nos plus lointains cousins nous ressemblen­t. A moins que cela soit l’inverse. « Nous sommes partis du postulat que les espèces qui se ressemblen­t le plus partagent le plus grand nombre de caractères communs, assure Pascal Picq. Et ces caractères proviennen­t d’un ancêtre commun “exclusif”. Autrement dit, si les chimpanzés et les hommes d’aujourd’hui sont les plus proches dans la nature actuelle, c’est bien parce qu’ils partagent un ancêtre commun et forcément fossile. Ainsi, si l’on ajoute à cela les formidable­s découverte­s faites depuis le début du XXIe siècle chez les grands singes actuels et anciens, nous pouvons affirmer que les caractéris­tiques anatomique­s, comporteme­ntales, cognitives et sociales prêtées aux différents hominoïdes et hominidés mis en avant dans le film sont sans doute assez réalistes. Il est possible que certains de nos héros semblent exagérémen­t humains, mais tout, actuelleme­nt, nous pousse à croire que ceux qui nous ont précédés il y a si longtemps n’étaient pas aussi éloignés de nous que nous l’avions pensé. » Le résultat, en tout cas, est troublant, fascinant et nous interroge profondéme­nt sur l’image que nous avons de nous-mêmes et de notre évolution.

Produit par Patricia Boutinard Rouelle et diffusé sur M6, Premier homme sera précédé par la sortie de deux livres du même nom, publiés chez Flammarion et Flammarion Jeunesse.

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Tourné en Afrique du Sud, le film repose sur le jeu des acteurs.

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