Le Figaro Magazine

EN QUÊTE DE LÉGÈRETÉ

Pour les tissus, la mode masculine se met également au régime light. Une tendance qui réclame des gages de qualité.

- F. M.-B.

Un jour de fin juin 2016, vers midi, l’humeur est aux révisions et aux derniers examens à l’université Pierre- et- Marie- Curie, à Paris. Le soleil brûlant au zénith présage lui aussi de la proximité des vacances, et les mannequins d’Issey Miyake Men qui s’avancent, dans le patio de cette faculté de Jussieu, tout de blanc vêtus, habillés de batistes, de seersucker­s et de cotonnades aériennes évoquent cette légèreté vestimenta­ire propice à l’été. Pourtant, il s’agit de chemises, de pantalons, de vestons, de blousons et de trenchs que Yusuke Takahashi a imaginés pour la ville. Question de culture, les designers japonais ne sont pas des spécialist­es des panoplies de farniente à la plage. Du côté de Bénarès, le directeur artistique des collection­s masculines de la griffe nippone a trouvé l’inspiratio­n auprès d’hommes et de femmes qui veillent à leur mise quelle que soit leur condition. Qui se drapent d’étoffes fines et délicates d’un raffinemen­t inouï. Sur d’autres podiums de la saison, des collection­s tramées d’influences d’ailleurs (Louis Vuitton, Missoni, Loewe, Paul Smith), portées par le sport et les activités de loisirs (Prada, Salvatore Ferragamo, Moncler Gamme Bleu), emploient des tissus toujours plus légers.

« Le poids moyen des matières a été quasiment divisé par deux en vingt ans,

observe Pascaline Wilhelm, la directrice de la mode du groupe Première Vision, organisate­ur de salons profession­nels textiles où viennent se fournir tous les stylistes du monde. « Cette légèreté croissante répond à une véritable demande. Elle s’inscrit dans une quête plus globale de bien-être et de confort, un besoin de liberté et de mouvement. Cette tendance s’inscrit également dans le prolongeme­nt de la mode des vêtements non doublés, avec des constructi­ons intérieure­s simplifiée­s. Les hommes n’aiment pas s’encombrer. Ils recherchen­t des habits simples, pratiques, fonctionne­ls. » Ils ont une approche plus rationnell­e de l’habillemen­t qui pourrait tout de même être un frein à cette vogue d’étoffes immatériel­les. En clair, ils en veulent pour leur argent lorsqu’ils investisse­nt dans des beaux habits. Et ces pièces qui pèsent trois fois rien ( peut- être) de leur sembler de moindre qualité. « Dans le haut de gamme, les textures sans poids sont tout sauf synthétiqu­es, précise Pascaline Wilhelm. Il s’agit de développem­ents éminemment technologi­ques qui, certes, peuvent être incompréhe­nsibles si l’on ne s’y intéresse pas de près. Mais qui sont à tomber par terre lorsqu’on saisit qu’il s’agit d’un double ou d’un triple tissage qui ne paraît qu’un lainage d’été qui a l’aspect d’une toile technique ou de la soie… Les esthètes savent généraleme­nt apprécier. » D’ailleurs, les enseignes de fast fashion s’étant empressées de reproduire cette tendance à la légèreté, s’y trompent généraleme­nt. Dans leurs rayons, on trouve pléthore de vêtements dans des tissus fins qui, en prime, cadrent parfaiteme­nt avec leur politique de prix ultralight. En revanche, il n’est généraleme­nt pas utile de les essayer pour s’apercevoir qu’ils ne pèsent également pas grand-chose en termes de qualité. ■

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Issey Miyake Men (à gauche), Hermès (au centre) ou Louis Vuitton (à droite), trois collection­s aux styles inspirés d’ailleurs dont le seul point commun est l’extrême finesse de leurs étoffes.
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