Le Figaro Magazine

TROIS MURS À LA BAULE

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On ne part pas. » Cette phrase prouve une chose : Rimbaud ne connaissai­t pas les RTT. Ces jours de congé obligent à voyager. Le TGV - toutes ces initiales ! - est à l’heure. Dans le siège voisin, une dame lit Grégoire Delacourt. Elle finit par s’endormir, mais il n’est pas sûr que le livre soit responsabl­e. Se rendre à La Baule en hiver s’apparente à du sport extrême. Il pleut des cordes. On se croirait au début du film Un flic, ces grands immeubles battus par les vents, ces stores baissés un peu partout, ces rues vides. A côté de l’église, l’hôtel Le Saint-Christophe est charmant. Au dîner, le muscadet de Jo Landron accompagne gentiment le menu dégustatio­n. Unforgetta­ble est une très belle chanson : elle s’accorde mal avec les coquilles Saint-Jacques snackées. Le lendemain, il fait beau. Le syndicat d’initiative mériterait un procès. On ne peut compter sur personne. Sur la plage, le Nossy Be ne sert pas en terrasse. C’est une erreur. Au Kook, le fish and chips a de la tenue. Dans le jardin du Castel Marie-Louise, des arbres ont été abattus par la tempête. Le soleil ne disparaît pas. Cela permet de déjeuner le lendemain à L’Océan avec Stéphane Hoffmann, le plus désinvolte des écrivains français. L’après- midi, la technique consiste à se plonger dans un Donna Tartt. Le soir, bizarremen­t, le brouillard se lève. Effet Jack l’Eventreur garanti. L’été, on imagine les alentours remplis d’hommes au pull sur les épaules, de femmes blondes en mocassins, d’enfants sur des skates. Finalement, La Baule est l’endroit idéal pour attendre la fin du monde ou apprendre la mort de Pierre Bouteiller. Le retour à Paris s’effectue avec l’air de Girl Talk dans la tête.

Stéphane Hoffmann : le plus désinvolte des écrivains

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