Le Figaro Magazine

FANTASIA CHEZ LES PLOUCS

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Au Texas, vers le milieu du XXe siècle, Norwood Pratt, ancien Marine un brin fruste souhaitant devenir chanteur de Country & Western, quitte sa soeur, une grosse feignasse un peu demeurée et son faux invalide de mari pour aller à New York récupérer 70 dollars. Il convoie des voitures volées (sans le savoir), s’en débarrasse, saute dans un train où il se fait voler ses « bottes hautes » à motifs de papillons, arrive à Manhattan, découvre les beatniks et s’aperçoit que celui qui lui doit le précieux argent est reparti en Arkansas. Demi-tour ! Chemin faisant, il rencontrer­a une femme, une « poule prodige » - le volatile est diplômé de l’université –, et un nain échappé d’un cirque dans lequel il chevauchai­t un lévrier (à qui Norwood dit : « Si tu étais dehors (…) dans un désert par exemple (…), je te rentrerais dedans parce que je penserais que t’es beaucoup plus loin qu’en vrai » )… L’épopée ulysséenne de Norwood est enjolivée par le génie de Charles Portis, auteur de True Grit (adapté au cinéma d’abord avec John Wayne puis par les frères Coen), qui signe des phrases merveilleu­ses comme « Un professeur de musique de Fort Lauderdale a appris à son fox-terrier à jouer Springtime in the Rockies à la guimbarde (…). Il ne peut jouer que des chansons simples à cause de ses petits poumons. » Ou encore : « La maianaise c’est meilleur avec le pâté en boîte. » . Cette perle est son premier roman, sorti en 1966. Tom Wolfe vénère l’auteur, qui travaillai­t avec lui au Herald Tribune. On comprend pourquoi. Norwood, de Charles Portis, Cambouraki­s, 141 p., 18 €. Traduit de l’anglais ( Etats- Unis) par Théophile Sersiron.

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