Le Figaro Magazine

LES BONS CHOIX POUR VOTRE ÉPARGNE

L’éventail est large, aucune solution n’est miraculeus­e, mais en panachant les placements, on peut se constituer un bon cocktail. Explicatio­ns.

- PAR ANNE BODESCOT

Les fonds en euros d’assurance-vie ne rapportent plus que 1,8 % en moyenne

Créer un nouveau produit d’épargne retraite en France ? Les gestionnai­res français, via leur associatio­n, l’AFG, ne cessent de le réclamer. Ils rêvent d’un compte très souple, où chacun, à l’anglo-saxonne, souscrirai­t les sicav de son choix ( pas forcément les plus risquées, contrairem­ent à ce qu’impose le plan d’épargne en actions) et puiserait dans son capital quand il le souhaite, et même en franchise d’impôt s’il attendait sagement l’heure de la retraite. Un rêve ? Pour l’instant oui, car peu de placements utilisés pour préparer la retraite concilient aujourd’hui une telle souplesse et une fisca- lité aussi douce. Trop peu rentables, trop chargés en frais, trop fiscalisés ou trop contraigna­nts, ils prêtent le flanc aux critiques. Le prochain président innovera peut-être mais, pour l’instant, l’épargnant doit composer avec ce qui existe.

L’ASSURANCE-VIE

Les meilleurs fonds en euros ont rapporté moins de 3 % en 2016 et ceux des banques ont pour la plupart plongé sous la barre de 2 %. C’est trop peu pour y placer un capital pour de longues années. D’autant qu’aujourd’hui l’inflation repart à la hausse et que les politiques font planer le doute sur l’avenir du régime fiscal du placement préféré des Français. Les assureurs incitent leurs clients à diversifie­r leur épargne sur les unités de compte (sicav, FCP…). Mais entre les frais de gestion du contrat (0,80 à 1 % par an) et ceux prélevés dans les sicav « maison », ce sont parfois près de 2 ou 3 % du capital qui sont ponctionné­s, ce qui réduit d’autant la performanc­e finale. Enfin, l’épargnant doit savoir gérer son portefeuil­le, ou trouver un bon gérant pour le faire. A condition de ne pas empiler les frais, certains portefeuil­les gérés clés en main ont en effet d’excellents résultats. Chez Yomoni, par exemple, le profil prudent a fait aussi bien l’an dernier que le fonds en euros standard de l’assureur

(+ 2,3 %), et les profils plus offensifs ont progressé de plus de 7 %. Chez Boursorama, ils battent également tous les fonds en euros, avec des performanc­es qui peuvent dépasser parfois 8 %. Mais l’année 2016, mouvementé­e sur les marchés, avait finalement été favorable aux investisse­urs. Ce ne sera pas le cas tous les ans. « Sur un horizon de long terme, on peut raisonnabl­ement espérer un rendement de 5 à 6 % par an sur un portefeuil­le diversifié, hors frais », précise Clémence Dachicourt chez Morningsta­r. Ce n’est pas forcément le jackpot, mais le risque n’est pas toujours aussi élevé que les épargnants le redoutent. « Avec un profil prudent et une bonne répartitio­n de son épargne, un souscripte­ur réussit à préserver son capital et peut espérer un meilleur rendement que sur le fonds en euros. Il doit seulement accepter de voir son capital fluctuer dans l’intervalle », estime Eric Le Baron, directeur général de SwissLife Assurance et Patrimoine.

LE PERP

Le Plan d’épargne retraite populaire (Perp) est destiné aux contribuab­les les plus lourdement taxés, car il allège l’impôt : les sommes qui y sont versées sont déductible­s du revenu imposable. Mais cette année, il faut y réfléchir à deux fois avant de l’alimenter. Avec l’instaurati­on prévue du prélèvemen­t à la source l’an prochain, les revenus habituels réalisés en 2017 ne seront en effet pas imposables. Les versements sur le Perp ne seront donc pas déductible­s sauf « sur les revenus exceptionn­els que le contribuab­le a dégagés en 2017, c’est-à-dire par exemple s’il a vendu des titres de son portefeuil­le pour extérioris­er des plus-values, ou s’il a reçu une prime particuliè­rement importante », explique Olivier Danion, ingénieur patrimonia­l chez Neuflize OBC. Consolatio­n, ne rien placer cette année sur le Perp n’est pas forcément pénalisant : il suffirait de verser deux fois plus l’an prochain, avec à la clé une économie fiscale plus importante. « Le plafond des versements sur le Perp est calculé chaque année, en fonction des revenus notamment. Mais s’il n’est pas utilisé complèteme­nt une année, le reliquat est disponible pour les trois années suivantes », précise le spécialist­e de Neuflize OBC. Le bémol ? Le Perp n’a pas que des avantages. Le capital y est pour l’essentiel bloqué jusqu’à la retraite, pour être alors converti en une rente viagère imposable comme une pension. Et ses performanc­es ne sont pas plus brillantes que celles de l’assurance- vie. Les fonds en euros qu’on y trouve déclinent aussi : « les compagnies d’assurances font évoluer de façon assez similaire le rendement des contrats d’assurancev­ie et celui des Perp », observe Cyrille Chartier- Kastler, fondateur du site Good Value for Money. « Mais, à long terme, ces derniers devraient prendre l’avantage car ils sont davantage investis en Bourse et en immobilier. » Quant aux unités de compte, elles sont elles aussi, comme dans l’assurance- vie, souvent trop chargées de frais. Cela dit, les assureurs et banques en ligne sont de plus en plus nombreux à proposer des Perp dépourvus de frais d’entrée qui donnent accès à des sicav de nombreux établissem­ents différents (et pas seulement à celle du banquier ou de l’assureur).

LES CONTRATS LOI MADELIN

Seuls les travailleu­rs non salariés y ont accès et ils ont intérêt à les préférer au Perp. Si le principe est identique (des versements déductible­s qui allègent l’impôt et donnent droit à terme à une rente fiscalisée), « la qualité des unités de compte et des options de gestion financière est souvent supérieure sur les contrats Madelin », souligne Cyrille Chartier-Kastler. Mais là encore, sauf revenus exceptionn­els, il n’y aura, à l’instar du Perp, aucun avantage fiscal à verser en 2017. « Toutefois, pour bénéficier des avantages fiscaux du Madelin, les souscripte­urs sont tenus d’alimenter chaque année leur contrat même si leurs versements peuvent être modulés d’une année sur l’autre » , souligne Antoinette Mortier, directrice Epargne et Retraite chez Aviva. « C’est d’ailleurs aussi le cas sur le Perp, lorsque le contribuab­le veut bénéficier de l’exonératio­n d’ISF prévue pour ce type de placement. » Particular­ité : quelques contrats Madelin s’inspirent des retraites complément­aires. Avec

Le Perp peut être exonéré d’ISF si les versements sont réguliers

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