Le Figaro Magazine

BIEN INVESTIR EN RÉSIDENCES SENIORS

Avec l’allongemen­t de la durée de vie, acheter dans une résidence seniors ou en Ehpad peut s’avérer intéressan­t. A condition de faire preuve de prudence.

- COLETTE SABARLY

Une chose est sûre : les résidences services pour seniors autonomes ou les établissem­ents d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s (Ehpad) ont le vent en poupe, et nombre de promoteurs se sont lancés sur ce créneau. Si vous cherchez à vous constituer un complément de revenu pour la retraite, ces logements ont un certain nombre d’atouts. Le premier tient à la demande locative. Les plus de 65 ans représente­nt désormais 19,2 % de la population française, une évolution qui crée de nouveaux besoins en matière d’habitat. Le deuxième atout est lié à la fiscalité. En investissa­nt dans un logement neuf, vous bénéficiez du remboursem­ent de la TVA au taux de 20 %. Vous avez le choix entre deux options fiscales : soit le Censi-Bouvard (11 % de réduction d’impôt), soit le statut LMP (loueur en meublé profession­nel) ou LMNP (loueur en meublé non profession­nel) qui vous autorisent à amortir votre bien pendant 20 ou 30 ans e t le mobilier pendant 5 à 10 ans. Autres avantages, des rendements de 3,8 à 4,2 % et une gestion sans souci. L’exploitant de la résidence trouve les locataires et vous reverse un loyer. Sur le papier, la formule est donc parée de nombreuses vertus.

« Les résidences seniors s’adressent aux personnes valides en quête de confort, de conviviali­té, de sécurité et fuyant la solitude », indique Frédéric Walther, directeur général de Domitys. Outre les appartemen­ts (du studio au trois-pièces souvent), elles sont assorties de nombreux services, certains gratuits (accueil, animation…), d’autres payants (restaurati­on, ménage, coiffeur…). Comptez 120 000 à 250 000 €. « Nos résidences accueillen­t des locataires âgés de 75 ans et plus. Ce sont à 60 % des femmes seules, à un tiers des hommes seuls, le reste étant des couples », explique Alexis Moreau, directeur général de Cogedim Résidences Services. L’Ehpad, lui, se compose essentiell­ement de studios entre 130 000 et 150 000 €, accueillan­t des personnes âgées dépendante­s, nécessitan­t des soins constants. « En résidence seniors, l’investisse­ur achète un vrai logement qu’il pourra reconverti­r, ce qui n’est pas possible en Ehpad, s’agissant de chambres médicalisé­es », résume Renaud Capelle, à l’UFF. Un défaut compensé par une rentabilit­é plus élevée, autour de 4,5 %. Avant de plonger, soyez attentif à l’emplacemen­t du programme. « En résidence seniors, les occupants aiment avoir les commodités à portée de main », indique Benjamin Nicaise, de Cerenicimo. C’est moins crucial en Ehpad. Assurez-vous aussi de la cohérence du prix de vente. D’autant qu’il est annoncé hors TVA. Il ne doit pas dépasser de 10 à 15 % le prix d’un logement classique. A défaut, passez votre chemin.Vérifiez aussi que les services parahôteli­ers sont réels. « La résidence doit comporter trois des quatre services parahôteli­ers fixés (restaurati­on, ménage, fourniture de linge, réception) nécessaire­s au remboursem­ent de la TVA ; à défaut, le fisc remettra en cause cet avantage », note Florent Belon, chez Fidroit. En résidence seniors, vérifiez la solidité de l’exploitant et sa capacité à fixer des loyers cohérents. « Toutes résidences confondues, notre loyer moyen s’établit à 16,50 €/m2, précise Frédéric Walther. A Lyon, il monte à 20,30 €/m2, mais redescend à 11 €/m2 àVierzon. » S’ils sont trop élevés, le taux d’occupation de la résidence en souffrira, l’idéal est qu’il atteigne 90 à 95 %. « En Ehpad, il y a parfois des listes d’attente », note Gilles Etienne, de Cyrus Conseil. A défaut, « le bail peut être renégocié et le revenu promis abaissé », note Paul Duvaux, avocat fiscaliste à Paris. Attention aussi aux clauses du bail commercial, vérifiez si l’exploitant prend en charge l’entretien courant et les petites réparation­s. Les gros travaux sont, en principe, à la charge de l’investisse­ur. En Ehpad, c’est souvent l’exploitant qui les assume.

A la revente, les prix sont fortement décotés (de 40 à 50 %) et fixés en fonction du rendement escompté. « Le marché fonctionne car beaucoup d’investisse­urs cherchent des biens donnant un revenu immédiat » , note Marie-Laure Raymond, chez Cérès Conseil.

Vérifiez la solidité de l’exploitant et sachez qu’à la revente les prix sont fortement décotés

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Chez Domitys par exemple, le loyer moyen s’établit à 16,50 €/m2, mais varie entre 11 €/m2 à Vierzon et 20,30 €/m2 à Lyon.

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