A quoi ressemblaient nos ancêtres ?
Réalisé à partir des travaux du paléoanthropologue Pascal Picq, un documentaire diffusé le 4 avril sur M6 s’appuie sur les découvertes scientifiques les plus récentes pour restituer le visage de nos plus lointains parents.
Les découvertes les plus récentes ne cessent de bouleverser profondément ce que nous savions jusqu’ici de notre évolution. Année après année, nous commençons tout juste à nous retrouver dans « le labyrinthe des premiers hommes et la diversité de nos ancêtres ». Une longue route, d’abord anthropoïde et partagée, puis véritablement humaine et unique. C’est cette histoire, racontée par Pascal Picq, professeur au Collège de France, dans son dernier livre *, dont nous publions des extraits, que nous vous proposons de découvrir. Inspiré des travaux de ce paléoanthropologue, qui a notamment introduit l’éthologie dans le champ de l’anthropologie évolutionniste, le documentaire de M6, Premier homme, met en scène de façon saisissante les grandes étapes connues de l’épopée de l’espèce humaine. Pierola, Toumaï, Homo naledi, Homo erectus, dévoilent chacun à leur manière une nouvelle approche de nos origines. Mais que savons-nous vraiment ? Selon la communauté scientifique, il y a environ 17 millions d’années, un peuple diversifié d’hominoïdes : Dryopithecus, Oreopithecus, Pierolapithecus et beaucoup d’autres… régnait sur ce qui fut la vraie « planète des grands singes », selon les mots de Pascal Picq. Vers 8 millions d’années, des changements climatiques majeurs provoquent leur déclin. Certaines espèces disparaissent, d’autres passent du sud de l’Europe vers l’Afrique, il y a 7 millions d’années, sur les bords du lac Tchad… A cet endroit même un fossile, découvert en 2001, est venu bouleverser la chronologie précédemment établie. Baptisé Toumaï, cet hominidé est à l’origine de la définition d’une nouvelle espèce, Sahelanthropus tchadensis, que certains paléoanthropologues considèrent comme l’une des pre-
mières de la lignée humaine. Un être probablement très proche de la divergence entre la lignée des Panines – qui comprend notamment les chimpanzés – et le genre Homo – dont l’homme est issu. Grâce aux paléoanthropologues français, comme Yves Coppens – codécouvreur en 1974 du fossile Australopithecus afarensis surnommé Lucy (longtemps considérée à l’origine de la lignée humaine, mais désormais interprétée comme une espèce cousine du genre Homo), nous avions appris que l’humanité était beaucoup plus ancienne que nous le pensions : soit 3,2 millions d’années. Avec Toumaï nous avons fait un nouveau saut dans le temps de près de quatre millions d’années en arrière.
« Mais il serait faux de croire à une évolution linéaire, purement chronologique et stricte- ment successive, précise Pascal Picq.
« Il faut essayer de raisonner dans le temps long, plusieurs espèces, certaines parfois plus archaïques, vivant en même temps que d’autres “plus évoluées”. Et réciproquement. Trois millions d’années après Toumaï, entre 4 et 1 million d’années et toujours en Afrique, poursuit le paléoanthropologue, Lucy et les australopithèques se développent. Ils marchent debout sur le sol, mais sont toujours habitués à se déplacer dans les arbres. Leurs différentes aptitudes et adaptations vont favoriser l’apparition de grandes lignées : les paranthropes et les hommes. C’est dans ce contexte, en 2015 en Afrique du Sud, que la découverte d’Homo naledi, doté d’un plus gros cerveau et mieux adapté à la bipédie, est venu ouvrir un nouveau chemin dans l’histoire de l’évolution. » Le plus an- cien « vrai homme » est connu sous le nom d’Homo erectus. « Découvert à Java à la fin du XIXe siècle, il reçoit le nom de Pithecanthropus erectus, puis au début du XXe siècle au sud de Pékin, en Chine, prend le nom de Sinanthropus pekinensis. Mais ce n’est qu’au cours des années 1980, assure Pascal Picq, qu’il devient évident que ses origines sont africaines où il s’appelle Homo ergaster. Une fois de plus, tout part d’Afrique vers 2 millions d’années. Puis commence, beaucoup plus tard, une autre histoire. » Celle des descendants d’Homo erectus : l’Homo sapiens.
■ *Premier homme, de Pascal Picq, Flammarion, 144 p., 29,90 €.