Le Figaro Magazine

Les week-ends de... Elisabeth Lévy

- ALEXANDRE DEVECCHIO

Vous êtes le bienvenu dans mon salon. Mais vous ne passerez pas la porte de la chambre à coucher, prévient Elisabeth Lévy. C’est une règle à laquelle je ne déroge jamais. Ma vie intime ne regarde pas le public qui, d’ailleurs, s’en fout. » Ça tombe bien car pour la directrice de Causeur, « la bagarre civilisée » ne s’arrête jamais, même en fin de semaine. Ce samedi, c’est Guillaume Erner, le matinalier de France Culture, qui joue les sparring-partners au téléphone. « Il est excellent et très spirituel. On est d’accord pour se disputer. Parfois, ça vire à la franche engueulade », s’amuse la journalist­e. Ce matin-là, la querelle porte sur la campagne présidenti­elle. François Fillon est-il victime d’un complot des juges ? Et les médias dans tout ça ? Le soir, Elisabeth Lévy aime poursuivre le débat dans les dîners en ville. Dans le salon qu’elle fréquente, presque tous les convives sont journalist­es dans de grands médias généralist­es. Presque tous votent Fillon. Mais au boulot, ils préfèrent ne pas le dire. « Trop compliqué à expliquer à des gens pour qui voter à gauche relève de l’évidence naturelle. C’est dingue qu’on en soit là, et la droitisati­on, alors ? » constate-t-elle, mi-amusée, mi-indignée. Elle ne s’attarde pas trop. Le dimanche matin, elle a école. Avec son professeur préféré : Alain Finkielkra­ut. « J’ai grandi avec “Répliques” et parfois, je n’en reviens pas d’être devenue amie avec cette voix qui m’a tant appris » , confie-t-elle à propos de celui qu’elle appelle affectueus­ement rabbi. Dans « L’Esprit de l’escalier », cette semaine, le philosophe évoque les émeutes au lycée Suger. « Quand j’arrive dans le studio, il est déjà là, avec toutes ses feuilles, écrivant fébrilemen­t, marmonnant un bonjour distrait. J’évalue l’épaisseur du tas et je sais que ça va être difficile de lui poser des questions. Mais j’y arrive toujours. Au fil du temps, nous formons une si bonne équipe que nous pouvons nous disputer vivement (en vrai, il m’engueule). Mais nous rions beaucoup. A la réflexion, rire, c’est le truc que je préfère au monde. »

J’ai grandi avec « Répliques » et je n’en reviens pas d’être devenue amie avec cette voix qui m’a tant appris

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