Le Figaro Magazine

L’ALTERNANCE, POUR DE VRAI ?

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La campagne se termine et partout on entend le même refrain. Elle aurait été nulle, polluée par les affaires, oublieuse des vrais sujets, pas à la hauteur des enjeux, tirée vers le bas par les médias, etc. Et si c’était faux ? Et si nous venions au contraire de vivre un précieux moment de clarificat­ion de notre vie collective ? Ce qui saute d’abord aux yeux, à quelques heures du scrutin, c’est la colère sourde qui monte chez les Français. Qu’un électeur sur deux soit prêt, si l’on en croit les études d’opinion, à se jeter dans les bras de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon est proprement ahurissant. Au vu de leurs programmes économique­s respectifs, en particulie­r face à l’Europe, c’est à peu près aussi raisonnabl­e que de se jeter d’un avion sans savoir si on a un parachute ou pas. Et pourtant, à la stupéfacti­on du monde entier qui se demande ce qui nous arrive, le risque existe d’un second tour Le Pen-Mélenchon. Il y a au moins un enseigneme­nt à tirer de cette radicalisa­tion (bien réelle celle-là) : la France ne peut plus supporter le statu quo. Cinq années de gauche à la sauce Hollandais­e, entre attentisme et cynisme, ont mis le pays à cran.

Et puis, il y a le phénomène Macron. On disait la vie politique française verrouillé­e, incapable de sortir des éternelles manoeuvres entre vieux partis. Sans être soutenu par aucun d’entre eux, ni même jamais avoir été élu, l’ancien ministre de François Hollande a prouvé le contraire. Reste à savoir s’il incarne le renouvelle­ment espéré par beaucoup ou s’il est au contraire le plus politicien de tous les prétendant­s à l’Elysée. Car, comme le discernait Jean d’Ormesson il y a déjà deux mois :

« Entre l’électeur de droite et l’électeur de gauche qui votent pour Macron, l’un des deux, forcément, sera cocu, mais toute l’intelligen­ce de Macron est de faire croire à l’un que ce sera l’autre et inversemen­t. » Disons que plus la campagne a avancé et plus on a distingué de quel côté de la balance il penchait. Et pas seulement à cause du soutien à peine voilé du président sortant. Quand il tergiverse sur les moyens de réduire précisémen­t la dépense publique, quand il se montre incapable de dire avec quelle majorité il gouvernera­it, quand il déclare, à propos de l’immigratio­n, que « ce sujet ne devrait pas inquiéter la population française », on se dit que le candidat en marche pourrait bien, s’il était élu, faire tourner la France en rond.

Entre François Fillon et lui, le plus hardi des deux ne s’est finalement pas révélé être celui qu’on attendait. Evidemment, l’ancien Premier ministre n’est pas sorti grandi des révélation­s sur ses arrangemen­ts familiaux. Mais au moins a-t-il prouvé à cette occasion sa capacité à faire front dans l’adversité. Et à ne pas céder aux pressions : même quand son camp presque tout entier menaçait d’abandonner le navire, il a maintenu inchangé son programme. Si les Français votent pour lui, on pourra vraiment parler d’alternance.

MÊME QUAND IL ÉTAIT FRAGILISÉ,

FRANÇOIS FILLON N’A RIEN LÂCHÉ

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