CHRISTIAN ESTROSI, LE RECONSTRUCTEUR
Sens commun, ça me gêne
« Celui qui fait l’élection, c’est celui qu’on ne voit jamais. »
Ce principe électoral de Christian Estrosi est encore plus vrai dans cette élection présidentielle où le nombre d’indécis est particulièrement élevé. Mais dans la campagne de François Fillon, il y a des gens que le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur voit beaucoup trop à son goût : les militants de Sens commun ! Il l’a dit au candidat lundi dernier quand ils se sont vus avant le meeting de Nice.
« Sens commun, ça me gêne parce qu’ils ne respectent pas les autres et qu’ils imposent leur ligne. » S’il soutient
François Fillon, Christian Estrosi estime toutefois que des tensions sont apparues dans la campagne au moment du meeting du Trocadéro, quand le mouvement proche de la Manif pour tous a pris en main son organisation. Et l’ancien maire de Nice de prévenir :
« Je ne serai pas dans une formation politique avec Sens commun et des personnes radicalisées. » Persuadé qu’il faudra reconstruire le parti des Républicains au lendemain du scrutin, quelle que soit son issue, il souhaite recomposer
« un mouvement populaire qui s’adresse à toutes les branches de la société sans anathème ». « Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, François Baroin ou Christian Estrosi feraient un bon président des Républicains. Je verrai si mes idées sont portées et avec qui je peux faire un ticket »,
explique celui qui ne croit plus au clivage droite-gauche et lui substitue celui de réformateurs- conservateurs. Un nouveau clivage qui lui permet de dire qu’au vu de l’état du pays, « je suis sûr qu’on peut trouver une majorité de réformateurs ». Et d’envisager dans ce cas-là de pouvoir travailler avec Emmanuel Macron, s’il devait se qualifier dimanche, autour d’un contrat de gouvernement de deux ans et la mise en place de cinq réformes majeures.
« On ne cherche pas des vedettes, mais des gens qui ont réussi dans leur métier. » Ce proche d’Emmanuel Macron décrypte le profil des futurs possibles ministres issus de la société civile. « Plus les ministres seront forts et plus le Président le sera aussi », assure celui qui cite en exemple Raymond Barre ou Thierry Breton comme personnalités ayant réussi leur passage ministériel. Et qui minimise le risque de « cornerisation » et d’isolement par les politiques, car ceux issus de la société civile seront plus nombreux qu’avant.