Le Figaro Magazine

OTAN VS RUSSIE TENSION MAXIMALE

- CYRIL HOFSTEIN

Alors que Moscou dénonce l’adhésion du Monténégro à l’Otan, qui devrait ainsi devenir le 29e membre de l’Alliance, la tension entre la Russie et les Etats-Unis est encore montée d’un cran. Validé par Donald Trump, ce nouvel élargissem­ent de l’Alliance atlantique a provoqué l’ire de la diplomatie russe pour qui cet état de fait « reflète la logique de confrontat­ion sur le continent européen et la mise en place de nouvelles lignes de démarcatio­n qui portent atteinte à la stabilité des Balkans et de l’Europe en général. » La Bosnie-Herzégovin­e, la Géorgie et l’ex-République yougoslave de Macédoine ont également fait part de leur volonté de rejoindre l’Otan.

Durant sa campagne et au début de sa présidence, le président américain avait pourtant semé le trouble en qualifiant l’Alliance atlantique d’« obsolète » et en sommant les alliés de partager le « fardeau financier ». Avant de faire volte-face et de retirer le mot qui fâchait, tout en réclamant que les 28 membres portent leurs dépenses de défense à 2 % de leur produit intérieur brut. Presque dans la foulée, le 14 avril, la Pologne a accueilli les premiers soldats américains de la force multinatio­nale en cours de déploiemen­t dans la région pour renforcer le flanc oriental de l’Otan face à la Russie. Plus de 1 100 militaires – 900 Américains, 150 Britanniqu­es et 120 Roumains – doivent ainsi être stationnés à Orzysz, ville située à 220 km au nord-est de Varsovie et à moins de 60 km au sud de l’enclave russe de Kaliningra­d, où Moscou dispose de missiles à capacité nucléaire et d’un système aérien de défense antimissil­e, le S-400. Un renforceme­nt militaire qualifié d’« historique » et « attendu par des génération­s » selon le président polonais Andrzej Duda.

Prévu par l’article 10 du traité de l’Atlantique Nord, l’élargissem­ent de l’Otan est un sujet de friction permanent entre Washington et Moscou, exacerbé actuelleme­nt par l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienn­e de Crimée et le conflit dans l’est de l’Ukraine. C’est aussi un élément clé historique du dialogue entre les deux puissances qui en ont fait un outil à géométrie variable pour exprimer leurs divergence­s et leur défiance mutuelle. A tel point que Moscou se présente aujourd’hui comme « littéralem­ent assiégé » par l’Otan. « Jusqu’en 1991, les forces armées russes ont stationné à deux étapes du Tour de France de Strasbourg, suivant la formule du général de Gaulle, explique un spécialist­e des questions russes du Centre européen d’analyses stratégiqu­es. Elles ont depuis perdu l’ensemble de leurs alliés de l’ex-Pacte de Varsovie, qui ont rejoint l’Alliance et effectué un recul stratégiqu­e de plus de 1 500 km. A contrario, les forces de l’Otan sont aujourd’hui à 130 km seulement de Saint-Pétersbour­g. »

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Valéri Guérassimo­v, chef des forces armées russes.
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Jens Stoltenber­g, secrétaire général de l’Otan.

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