Le Figaro Magazine

HOLLANDE OU LES APPARENCES DU POUVOIR

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C’est entendu, le président de la République a tous les pouvoirs. Mais son vrai pouvoir, c’est celui de nommer, parce qu’il ne peut pas gouverner tout seul. Article 8 de la Constituti­on : il nomme le Premier ministre et les ministres. Article 13 : il nomme aux emplois civils et militaires de l’Etat. Jacques Chirac disait, parlant de Nicolas Sarkozy : « Je décide, il exécute » ; et Sarkozy retournera le compliment à François Fillon : « Le Premier ministre est un collaborat­eur ». Tout est donc là : le pouvoir est une affaire d’incarnatio­n. Qui nomme qui. Deux hommes qui font la même chose, ce n’est pas la même chose. Hollande avec Taubira, Duflot, Vallaud-Belkacem, Touraine ou Rossignol, ce n’est pas Hollande avec Valls, Cazeneuve, Le Drian, Macron ou Urvoas. C’est comme cela qu’il a conduit deux politiques successive­s, incohérent­es entre elles, à la fois identiques dans la vision de la société et inconcilia­bles en économie. A la fin, tout s’est terminé par un fiasco. La cause initiale est celle-ci : quelle est la vraie colonne vertébrale de Hollande – à quoi croit-il ? Il a pris la charge et les apparences, tout en se plaçant entre les mains de celles et ceux qui, eux, ont une idéologie dans la tête, l’appliquent partout, en grand ou en détail, qu’il s’agisse de justice, de logement, de santé, de culture ou d’école. En les nommant, il leur a délégué une part de son pouvoir, sans contrôle. Et l’on a vu le sectarisme l’emporter sur tout. La politique fait heureuseme­nt que le sectarisme est par nature suicidaire : les révolution­naires doctrinair­es finissent toujours par trahir leur chef, l’abandonner, et s’entretuer.

Voilà ce qui se joue lors d’une présidenti­elle. On remet le pouvoir entre les mains d’un novice et l’on se retrouve avec les émules des Taubira, Duflot, Vallaud-Belkacem et autre Rossignol. (Macron nous dit qu’il les mettra à l’épreuve de la loyauté. On a vu ce que cela valait). Ou bien on choisit un profession­nel articulé, armé de ses conviction­s, qui nommera des hommes et des femmes qui lui ressemblen­t. Quel peloton derrière le leader ? Celui d’un Bayrou qui a fait élire Hollande ou celui d’un Baroin, d’un Retailleau, d’une Pécresse, qui ont su garder le cap pendant l’ouragan ? C’est cela la seule alternance au pouvoir.

Tout est là : qui nomme qui. Deux hommes qui font la même chose, ce n’est pas la même chose

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