LA SEMAINE DES FONDAMENTAUX DE CAMPAGNE
Le resserrement des écarts des intentions de vote pour le premier tour dimanche conduit François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à se recentrer sur leurs thèmes favoris pour conserver leur électorat de base.
Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, les principaux candidats sont revenus à leurs fondamentaux. Dans un scrutin qui s’annonce particulièrement indécis, les prétendants à l’investiture suprême veulent d’abord rassembler leur camp selon un principe cher à François Mitterrand : au premier tour on rassemble son camp, au second on élargit. C’est pour avoir oublié cette règle d’or de la politique que Lionel Jospin a été battu dès le premier tour le 21 avril 2002. Or, les similitudes entre 2002 et 2017 sont frappantes. Voilà quinze ans, l’abstention est montée à 28,4 % du corps électoral. Un record pour une élection présidentielle. Mais un record qui pourrait être battu dimanche, si l’on en croit les études. Selon les sondages l’abstention pourrait dépasser les 30 % le 23 avril…
Comme en 2002, à quelques jours du scrutin, les instituts de sondage semblent incapables de départager les principaux candidats. Trois d’entre eux se tenaient dans un mouchoir de poche : Jacques Chirac, Lionel Jospin et Jean-Marie Le Pen. Tellement proches que les électeurs ont inversé l’ordre entre le deuxième, qualifié, et le troisième, éliminé. En 2017, ils sont quatre à pouvoir prétendre, si on se fie aux sondages, se qualifier pour le second tour : François Fillon, Marine →
→ Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Leur sort dépendra donc de la mobilisation de leurs électeurs traditionnels mais aussi des indécis. Comme l’année dernière aux Etats-Unis, une grande partie d’entre eux vont se décider cette semaine, voire dimanche dans l’isoloir ! Les convaincre avant est un impératif pour les quatre favoris s’ils veulent avoir une chance d’accéder à l’Elysée le 7 mai prochain. D’où l’impérieuse nécessité de consolider son socle électoral à laquelle tous ont sacrifié en début de semaine. Marine Le Pen la première qui a durci le ton et refait de la lutte contre l’immigration l’axe principal de sa campagne. A son meeting du Zénith à Paris, la présidente du Front national a proposé un « moratoire sur l’immigration » après avoir expliqué que loin d’être « une chance pour la France », c’était « un drame pour la France ». Quelques jours avant, Marine Le Pen avait relancé la polémique en assurant que « la France n’est pas responsable du Vél’d’Hiv ». Des propos plus proches de ceux que tenaient son père quand il était candidat et qu’elle ne reprenait plus à son compte dans son objectif de dédiabolisation de son parti.
A Bercy, Emmanuel Macron est lui aussi revenu à ses fondamentaux. Et pas seulement en revendiquant son tic de langage qui le pousse à modérer ses propositions en ajoutant à chaque phrase son désormais fameux « en même temps ». Le candidat En Marche ! mène désormais l’offensive contre François Fillon qui opère une remontée dans les sondages, remontée qui inquiète l’ancien ministre de François Hollande. S’il se veut toujours ni de droite ni de gauche, il cible quand même davantage ses attaques, lundi après-midi au cours de son meeting à Bercy, contre l’ancien premier ministre et se dit « choqué du déni de vérité érigé en principe de communication ». La communication, Mélenchon s’y connaît. Mardi, il a repris l’idée de l’hologramme qui a contribué à son succès. Mais en le multipliant par six ! La veille sur sa « péniche insoumise », le candidat de la France insoumise a ciblé Emmanuel Macron, les médias et les marchés financiers. « Souvent on me demande comme vous allez financer votre programme ! Avec votre argent c’te bonne blague », s’est amusé le tribun, pas mécontent de continuer à perturber cette campagne en s’invitant dans le match des possibles qualifiés du second tour.
De son côté, François Fillon a repris les thématiques dont il estime qu’elles lui ont permis de gagner la primaire en novembre dernier face à Nicolas Sarkozy puis Alain Juppé. Après un déplacement au Puy-en-Velay sur le thème de l’identité de la France, un message aux chrétiens d’Orient pendant le week-end de Pâques, il s’est rendu à Nice pour parler de la sécurité. Le candidat de la droite et du centre a également créé la polémique en évoquant la possibilité pour lui de nommer dans son gouvernement, s’il est élu, un membre de l’association Sens commun, émanation de la Manif pour tous, et en se faisant remplacer par François Baroin dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, “Entretien d’embauche”. ■
L’ORDRE DES SONDAGES PEUT S’INVERSER, COMME EN 2002