(RE)PÉTITION GÉNÉRALE
Il y avait longtemps. Ça les reprend. La charmante Valérie Donzelli a tourné un clip de campagne pour Benoît Hamon. Saluons l’abnégation de la réalisatrice. On rêvait de devenir Godard, Orson Welles, Agnès Varda. On finirait en animatrice de MJC. Les générations futures regarderont en souriant ces quelques minutes de propagande et passeront ainsi à côté du délicieux La guerre est déclarée. Le compagnonnage de route est une science française. L’étranger n’allait continuer à nous présenter comme une frivole nation de gastronomes et de couturiers. Nous sommes un peuple de consciences. La vogue des pétitions avait cessé. Cette accalmie a été de courte durée. Les listes de signatures refleurissent dans les pages des journaux, en bas à droite. En général, Jean-Michel Ribes est en première ligne. Pierre Arditi n’est pas loin (l’ordre alphabétique joue en sa faveur). Denis Podalydès les talonne. Il s’agit de défendre François Hollande, d’appeler à lutter contre la bête immonde. On craint pour son public. On tremble pour ses subventions. Les Jean Moulin de la culture tendent la sébile et le cocktail Molotov. Jadis, on repérait les noms de Sartre, Beauvoir. Ces nobles personnes défendaient Cuba, avaient peur de désespérer Billancourt. Maintenant, on ne veut surtout pas affoler les abonnés du Théâtre du Rond-Point ou les amateurs de Guitry. La chose ne manque pas de pittoresque. On devine que l’impact est considérable sur les électeurs. Naturellement, nulle trace d’humour ou de modestie. Dans les années 70, le comble du chic consistait à vendre La Cause du peuple à la criée sur les Boulevards. Jean-Luc Mélenchon a remplacé Mao Tsé-toung (pardon : Zedong) dans le coeur de ces bonnes âmes. Ce spectacle a de quoi rendre fier de son pays. Il n’y a que chez nous qu’il se produit. Comme le camembert et le ministère de la rue de Valois.
Nous sommes un peuple de consciences