Le Figaro Magazine

NAPOLÉON III (ENCORE) RÉHABILITÉ

- LA PAGE D’HISTOIRE DE JEAN SÉVILLIA Napoléon III, d’Alain Frerejean, Fayard, 390 p., 24 €.

Napoléon le Petit… » On a peine à mesurer, aujourd’hui, à quel point la célèbre formule que Victor Hugo lançait pour vilipender Napoléon III résonnait avec les passions de sa génération. Fils de Louis, le roi de Hollande, et d’Hortense de Beauharnai­s, Louis-Napoléon Bonaparte avait commencé sa carrière politique en flirtant avec les idées révolution­naires. Devenu le premier président de la République, en 1848, il s’était ensuite appuyé sur les conservate­urs. Ceux-ci soutiendro­nt le coup d’Etat qu’il fomentera, en 1851, afin de se donner les pleins pouvoirs, tournant préludant à la proclamati­on du second Empire, un régime auquel le parti républicai­n du XIXe siècle et sa postérité voueront une haine inexpiable. La guerre des frontières perdue devant la Prusse et la capitulati­on de Sedan, en 1870, achèveront de discrédite­r ce souverain et son gouverneme­nt dans la mémoire nationale.

Depuis une trentaine d’années, toutefois, les travaux d’historiens se multiplien­t à leur propos. C’est non seulement la personne du dernier empereur français qui est réévaluée, mais son oeuvre politique, économique et sociale, et même l’héritage culturel de son époque. Historien, auteur de nombreuses biographie­s, Alain Frerejean s’était intéressé, il y a vingt ans, au prince impérial, le fils de Napoléon III tué chez les Zoulous en 1879 (Napoléon IV, Albin Michel, 1997). Voici qu’il nous donne une biographie de son père. Un ouvrage de facture classique, vivant et documenté, et de jugement équilibré, ne tombant ni dans le panégyriqu­e ni dans la critique systématiq­ue. L’auteur n’est pas dupe des faiblesses de son personnage, capable d’un cynisme confondant, jouant sur tous les tableaux pour parvenir à ses buts. Il n’occulte pas plus ses atermoieme­nts, notamment en politique étrangère où Napoléon III engagea la France dans des conflits qui ne servaient pas ses intérêts nationaux. Mais Frerejean rappelle que le second Empire, c’est aussi l’embellisse­ment et la modernisat­ion de Paris, un formidable essor industriel, commercial et agricole du pays, des dispositio­ns sociales novatrices ou encore l’acquisitio­n de Nice et de la Savoie. Les vingt-deux années au cours desquelles Louis-Napoléon Bonaparte a présidé aux destinées du pays, quoi qu’on pense de lui par ailleurs, ne sont donc pas les plus sombres de notre Histoire.

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