Le Figaro Magazine

BENOÎT DÉTARTRE

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Quand Benoît Duteurtre n’écrit pas ses romans délicieux, il observe le monde. Cela donne des pamphlets en peignoir, de l’agacement comme de la musique de chambre : Duteurtre n’éructe pas, n’aboie pas, ne cite ni Bernanos, ni Péguy, ni Muray toutes les trois phrases et ne brandit pas l’écologie en tête de chapitre. On ne peut dire non plus qu’il est homophobe ou misogyne. Il est, tout simplement, lucide. Ce qu’il consigne, ce sont les absurdités de la vie que la plupart des gens ont fini par ne plus remarquer. Il y a deux ans, son amour du train lui avait inspiré La Nostalgie des buffets de gare. Aujourd’hui, il élargit son spectre et débusque une par une les nouvelles tares de l’homme moderne : l’interdicti­on de fumer partout ; la fin du petit déjeuner au lit dans les hôtels ; l’absurdité d’Anne Hidalgo, la « maire Fouettard » consistant à rendre Paris insupporta­ble au nom du bien-être ; le slogan en anglais de possibles Jeux olympiques français (« Made for sharing », sans blague). Et puis, Duteurtre, en verve, évoque l’attitude de François Hollande et Laurent Fabius envers la Syrie, celle de Sarkozy avec la Libye. La France serait le nouveau caniche des Etats-Unis, comme le fut Blair au RoyaumeUni. Il moque les détestatio­ns automatiqu­es (Poutine), la tyrannie de l’avant-garde qui voit des nazis partout, et l’obsession de la modernité, confondant invariable­ment changement avec progrès. Un beau cadeau de Noël pour notre nouveau président.

Pourquoi je préfère rester chez moi, de Benoît Duteurtre. Fayard,

215 p., 17 €.

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