Les têtes de Carl Meeus
Tu réponds oui ou m... mais tu réponds
« Comment vas-tu ? » Ce soir-là, Christophe Castaner reçoit une dizaine d’appels d’Emmanuel Macron. Les deux hommes se connaissent bien, notamment depuis la discussion sur le projet de loi du ministre de l’Economie. Mais ce dimanche, le député des Alpes-de-Haute-Provence n’a pas le temps de répondre ! C’est le soir du premier tour des élections régionales. Sa liste est arrivée en troisième position en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, derrière celles de Christian Estrosi et Marion Maréchal-Le Pen. Il doit annoncer son retrait et l’appel à voter en faveur de la liste de droite. Autant dire que le moral du socialiste n’est pas au mieux. A une heure du matin, Christophe Castaner reçoit un SMS : « Comment vas-tu ? Tu me réponds oui ou m... mais tu me réponds. » L’élu éclate de rire et finit par répondre à Emmanuel Macron. « Il est attentif aux gens, il crée des liens forts », explique celui qui deviendra son porte-parole pour la campagne présidentielle.
A 50 ans, Christophe Castaner est l’un des premiers élus, avec Richard Ferrand, à avoir rejoint Emmanuel Macron. A un moment où tous les autres socialistes se moquaient d’une « bulle médiatique », d’une « aventure sans lendemain ». Ancien rocardien, le député Castaner a été séduit par la façon dont le ministre avait abordé la discussion parlementaire sur sa loi : « Aucun ministre n’a jamais été aussi ouvert. On n’a jamais autant remanié un texte. » C’est d’ailleurs le point de départ de l’aventure En Marche ! Quand Emmanuel Macron se rend compte qu’une partie de la droite, qui a participé aux discussions, ne vote pas le texte pour « ne pas faire de cadeau à Hollande ». Au démarrage, leur idée est de créer un mouvement qui casserait les clivages, sans imaginer qu’il pourrait conduire le jeune ministre si tôt à l’Elysée !
« Je fais mon miel. » Il paraît que c’est l’expression favorite d’Emmanuel Macron. Parmi ceux qui lui fournissent des notes, Jean-Marc Dumontet est sans doute l’un des plus originaux. Le producteur de Canteloup et propriétaire de plusieurs théâtres parisiens a rencontré le ministre quand ils se sont croisés à une représentation à la Comédie-Française. Pendant la campagne, il suivra le candidat dans tous ses meetings, rédigeant des notes pour lui. Mais prenant aussi des notes pour les auteurs de Canteloup qui feront, eux aussi, leur miel de certaines scènes de campagne !