LE FOND DE L’EAU EST FRAIS
Julia est de retour à Beckford, petite ville posée dans la verdoyante campagne anglaise, non loin de Newcastle. Le corps de sa soeur Nel vient d’être retrouvé dans les eaux verdâtres de la rivière qui traverse la cité, au Bassin aux noyées, précisément, théâtre de sombres tragédies et lieu de sinistre réputation depuis des temps immémoriaux. Suicide ? Meurtre ? Dans les reflets sombres et changeants des flots d’une rivière qui semble irrésistiblement aimanter
les esprits, Julia – à la recherche de réponses – s’englue vite dans un passé qu’elle a tout fait pour fuir, pendant que les mystères commencent à s’accumuler… L’immense succès de La Fille du train (plus de 18 millions de livres vendus en deux ans, dont un en France, prolongé par une adaptation au grand écran, avec Emily Blunt) pouvait facilement devenir un piège fatal, et chacun se demandait quelle suite Paula Hawkins allait donner à ce raz-demarée aussi inattendu qu’exceptionnel. En un peu moins de 450 pages, la romancière britannique balaie aujourd’hui tous les doutes et confirme magistralement, avec un livre sans doute meilleur que le précédent, son incroyable savoir-faire en matière de page-turner. Plus ambitieux, et beaucoup plus complexe que ses précédents exploits ferroviaires, Au fond de l’eau multiplie les témoignages et les points de vue (une dizaine de narrateurs se relaient, avec leurs secrets, leurs mensonges et leurs ambiguïtés) pour brouiller habilement les pistes d’un thriller de plus en plus oppressant et irrespirable, futur best-seller de l’été dans lequel on plonge en apnée, et dont on ressort en nage, complètement rincé.
Au fond de l’eau, Sonatine, 434 p., 22 €. Traduit de l’anglais par Corinne Daniellot et Pierre Szczeciner (en librairie le 8 juin).