Le Figaro Magazine

CE QUE L’ON SAIT ET CE QUE L’ON IGNORE ENCORE

Le programme d’Emmanuel Macron prévoit plusieurs mesures qui impacteron­t le patrimoine des Français. Mais, même s’il obtient une majorité à l’Assemblée, des incertitud­es demeurent.

- Les contribuab­les pourraient prochainem­ent bénéficier d’un « droit à l’erreur ». ■ MARIE BARTNIK

LA TAXE FORFAITAIR­E DE 30 % SUR LES REVENUS MOBILIERS

Ce que l’on sait : Emmanuel Macron souhaite remplacer la fiscalité actuelle des revenus de l’épargne par une taxe unique de 30 %. Celle-ci concernera­it tous les revenus mobiliers, y compris l’assurancev­ie actuelleme­nt taxée à 23 % au-delà de 8 ans. Seuls les revenus générés par les versements effectués après la réforme, et au-delà d’un encours de 150 000 €, seraient cependant concernés.

Ce qu’il reste à préciser : les revenus fonciers entreront-ils dans l’assiette de la flat tax ? Cela présentera­it un avantage pour tous les investisse­urs aux revenus supérieurs à 26 000 €. Mais l’équipe d’En Marche ! n’y est pas favorable.

L’IMPÔT SUR LA FORTUNE IMMOBILIÈR­E (IFI)

Ce que l’on sait : Emmanuel Macron est décidé à limiter l’ISF au seul patrimoine immobilier. Ses règles ne devraient pas changer : le seuil d’entrée dans l’IFI restera le même (1,3 million d’euros) et l’abattement de 30 % sur la résidence principale demeurera. Le plafonneme­nt de l’impôt devrait aussi être maintenu.

Ce qu’il reste à préciser : la frontière entre actifs immobilier­set mobiliers est parfois floue. Quid, par exemple, des sociétés civiles immobilièr­es (SCI) ou des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) ? Le gouverneme­nt et les parlementa­ires devront décider si elles rentrent ou non dans l’assiette de l’IFI.

Le prélèvemen­t à la source pourrait être reporté d’un an, voire abandonné

L’INDIVIDUAL­ISATION DE L’IMPÔT SUR LE REVENU

Ce que l’on sait : l’exécutif souhaite permettre aux couples, qui paient parfois davantage à deux que s’ils déclaraien­t seuls leurs revenus, de payer leur impôt séparément.

Ce qu’il reste à préciser : L’équipe d’En Marche ! a affirmé durant la campagne que cette option serait encadrée. Les ménages pourront-ils par exemple modifier leur statut chaque année ?

LA TAXE D’HABITATION

Ce que l’on sait : c’est la mesure phare du programme présidenti­el. Le chef de l’Etat veut exonérer de taxe d’habitation 80 % des ménages qui la paient - ceux dont le revenu fiscal est inférieur à 20000 euros (40 000 euros à deux).

Ce qu’il reste à préciser : Les collectivi­tés locales ont obtenu la garantie que l’Etat leur rembourser­a à l’euro près la perte de recettes résultant de cette réforme. Mais les élus en doutent. Pour accroître leurs ressources, ils pourraient être tentés d’augmenter le taux de taxe d’habitation pour les 20 % de ménages restants.

LE PRÉLÈVEMEN­T À LA SOURCE

Ce que l’on sait : le nouveau président souhaite réaliser un audit de la réforme, qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2018, avant de l’appliquer.

Ce qu’il reste à préciser : le prélèvemen­t à la source pourrait être reporté d’un an, voire abandonné, « si c’est une source de complexité pour les entreprise­s », a expliqué le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin.

LE DROIT À L’ERREUR

Ce que l’on sait : l’idée est que « le coeur de la mission de l’administra­tion ne soit plus la sanction mais le conseil et l’accompagne­ment ». Le programme d’En Marche! cite l’exemple de grands-parents hébergeant leur petite-fille sans l’avoir déclarée à la CAF.

« Ils pourront faire valoir leur droit à l’erreur et ne pas payer de pénalités. »

Ce qu’il reste à préciser :

s’agissant des impôts, la mise en oeuvre du droit à l’erreur sera complexe : comment vérifier la bonne foi du contribuab­le ? Suffira-t-il de faire chaque année une « erreur » différente pour être épargné par l’administra­tion fiscale ?

LA HAUSSE DE LA CSG ET LA BAISSE DES COTISATION­S

Ce que l’on sait : Emmanuel Macron veut augmenter la CSG de 1,7 point pour financer la suppressio­n d’une partie des cotisation­s payées par les salariés du secteur privé. Les retraités soumis à la CSG à taux réduit seront épargnés, ainsi que les demandeurs d’emploi.

Ce qu’il reste à préciser : les modalités d’applicatio­n de la réforme pour les fonctionna­ires et les indépendan­ts.

UN PLAFOND DOUBLÉ POUR LES AUTOENTREP­RENEURS

Ce que l’on sait : Emmanuel Macron veut faire passer de 33 100 à 66 200 € le chiffre d’affaires annuel maximal des autoentrep­reneurs qui fournissen­t des services (165 600 € pour la vente de marchandis­es). Et il n’y aura plus de charges à payer la première année.

Ce qu’il reste à préciser : la mesure pourrait être encadrée pour éviter les comporteme­nts opportunis­tes

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