Le Figaro Magazine

UNE NOUVELLE DONNE POUR LES ACTIONS

Le programme fiscal d’Emmanuel Macron pourrait redorer le blason de l’investisse­ment boursier, au moment où la bonne humeur semble de retour sur les marchés européens.

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Dès l’entre-deuxtours, les Bourses européenne­s ont été soulagées de voir un candidat réformateu­r s’imposer face aux partis plus extrémiste­s. Les investisse­urs attendent maintenant d’en savoir un peu plus sur le futur gouverneme­nt et sa majorité parlementa­ire. « Les actions devraient connaître une hausse régulière, mais c’est seulement lorsque nous connaîtron­s les nomination­s aux postes clés, lors de la transforma­tion du mouvement En Marche ! en véritable parti politique, que l’on pourra savoir si cette hausse sera durable », résume Stephen Mitchell chez Jupiter AM.

Même si elles sont assez chères aujourd’hui, les Bourses du Vieux Continent ne le sont pas encore autant que Wall Street. Les investisse­urs, si rien d’autre ne vient les en dissuader, pourraient donc avoir une bonne raison de s’y intéresser davantage, « d’autant que la croissance des profits en Europe pourrait atteindre 15 %, cette année », rappelle Mark Denham chez Carmignac. Les bénéfices des sociétés européenne­s semblent même progresser plus vite que ceux des compagnies américaine­s, qui ont déjà beaucoup augmenté ces dernières années. Mais la Banque centrale européenne, qui s’est gardée de toute annonce pendant l’élection présidenti­elle française, a désormais toute latitude pour préparer les marchés à une nouvelle ère. Elle souhaite en effet commencer à normaliser sa politique, jusqu’ici très accommodan­te. Ce changement de discours pourrait, selon certains, peser sur les Bourses, « à moins qu’elles ne voient, dans la remontée des taux d’intérêt et ce changement de politique, la preuve que l’économie européenne va mieux et que les institutio­ns veulent ainsi accompagne­r le retour de la croissance », analyse Mark Denham. C’est donc dans un environnem­ent plutôt encouragea­nt pour les placements boursiers que pourrait se mettre en place la réforme fiscale annoncée par le candidat d’En marche ! Puisqu’il propose d’uniformise­r l’imposition des placements, soumis, au choix, à l’impôt sur le revenu et aux prélèvemen­ts sociaux ou à une taxe forfaitair­e de 30 % tout compris, il redonnerai­t des couleurs aux vieux comptestit­res délaissés ces dernières années pour l’assurance-vie en raison d’une fiscalité dissuasive : une fois déduits les abattement­s variables selon la durée de détention, les plusvalues qui y sont réalisées sont taxées au barème progressif de l’impôt sur le revenu, donc jusqu’à 45 % (+ 15,5 % de prélèvemen­ts sociaux). Un impôt si lourd que « les épargnants qui en détiennent encore ne vendent plus et n’arbitrent plus »,

observe Stéphane Jacquin, chez Lazard frères Gestion. Si le nouveau président ramène ce taux d’imposition à 30 % « sans toucher aux abattement­s consentis sur les titres gardés longtemps par l’épargnant, gérer un portefeuil­le de titres en direct pourrait même être beaucoup plus avantageux que d’investir dans un contrat d’assurancev­ie », relève Catherine Costa à la Banque privée 1818. Quand un même titre est gardé huit ans, l’abattement pour le calcul de l’impôt sur le revenu est en effet de 65 % sur la plus-value réalisée. « Mais le choix d’un taux forfaitair­e de 30 % pour tous les placements devrait en bonne logique s’accompagne­r de la suppressio­n des abattement­s »,

estime Stéphane Jacquin. Et l’assurance vie, bien sûr, a des avantages supplément­aires en cas de transmissi­on.

Il resterait, néanmoins, un autre avantage aux comptes- titres : les frais y sont plus raisonnabl­es que dans l’assurance-vie, où chaque épargnant, en plus des frais de gestion de sa sicav ou de son fonds, paie tous les ans, à l’assureur entre 0,80 et 1 % du capital, voire davantage.

■ ANNE BODESCOT

La croissance des profits des entreprise­s européenne­s pourrait atteindre 15 % cette année

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