LAQUELLE EST FAITE POUR VOUS ?
De nouveaux acteurs, parmi lesquels Orange et Carrefour, se sont lancés récemment auprès des particuliers. L’occasion de comparer les offres bancaires.
Le secteur est en ébullition. Aux côtés des banques traditionnelles et des banques en ligne, qui ont capté 10 % du marché, de nouveaux acteurs, 100 % mobile et parfois très spécialisés, ont récemment fait leur apparition. Parmi eux, Orange Bank semble le concurrent le plus menaçant pour les acteurs déjà en place. L’opérateur télécom, qui a annoncé le 20 avril dernier le lancement de son offre bancaire 100 % mobile, vise la conquête de 2 millions de clients d’ici à 2020. Grâce à son réseau de boutiques, Stéphane Richard, le PDG d’Orange, ambitionne d’offrir aux consommateurs « le meilleur des banques en ligne et des banques physiques ». A partir du 6 juillet, il sera possible d’ouvrir un compte assorti d’une carte bancaire gratuite, via l’application d’Orange Bank ou via l’une des 140 boutiques dédiées. Pour conquérir autant de clients – à titre de comparaison, Boursorama n’a atteint que récemment le million de clients, après plus de dix ans d’existence –, Orange mise sur une offre peu coûteuse et des services innovants. Ses clients pourront, par exemple, envoyer de l’argent par SMS, bloquer et débloquer leur carte bancaire via leur application mobile ou encore voir leurs paiements immédiatement répercutés sur leur solde.
Ce service promet d’être gratuit, à condition de réaliser au moins trois paiements mensuels, sans quoi le client se verra facturer 5 euros par mois. « Mais avant de pouvoir analyser de façon définitive la tarification d’Orange Bank, il faudra attendre d’en connaître tous les détails », avertit Guillaume Clavel, directeur du comparateur de tarifs bancaires Panorabanques. L’opérateur n’a, par exemple, pas encore dévoilé combien il facturerait les découverts ou quels avantages offrira la carte bancaire gratuite. Comme les clients des banques en ligne, ceux d’Orange Bank devront être autonomes. L’opérateur propose à ses clients l’aide d’un assistant virtuel et ses boutiques ne seront dédiées qu’à l’ouverture de compte, et non au
Orange Bank va proposer un service gratuit, à condition d’effectuer au moins trois paiements par mois
conseil des clients. Il ne sera donc pas possible de s’y rendre pour déposer un chèque ou solliciter le conseil d’un vendeur… Les chèques devront être envoyés par la poste et le dépôt d’argent liquide ne sera pas possible. Ces spécificités mises à part, Orange Bank proposera bientôt les mêmes produits que les réseaux classiques, du compte sur livret au crédit immobilier. D’autres offres ont émergé pour un public plus spécifique. Alors qu’Orange cherche à glaner des clients chez tous les Français, le compte Czam, tout récemment lancé par Carrefour, s’adresse à une clientèle a priori peu fortunée, qui veut faire des économies sur ses frais bancaires, notamment ceux liés aux →
→ découverts et aux rejets de paiement. Depuis le 18 avril, il est possible de sortir des rayons de l’hypermarché avec un compte bancaire assorti d’une carte, moyennant 5 euros pour l’achat du coffret, et 12 euros annuels de frais de tenue de compte. Une offre qui mise sur la simplicité. Car, comme Compte-Nickel, distribué chez quelque 2 600 buralistes en France, C-zam ne permet pas d’être à découvert. Ces deux acteurs présentent toutefois un intérêt pour une clientèle plus large que celle visée au départ. Des particuliers aux revenus plus conséquents peuvent en effet y recourir en complément d’un compte dans une banque en ligne ou traditionnelle. « Disposer d’un compte C-zam peut, par exemple, être intéressant en déplacement à l’étranger, souligne Romain Espinasse, directeur du comparateur de tarifs bancaires Meilleurebanque. Un retrait de 100 euros hors zone euro coûte, par exemple, 1 euro chez Carrefour contre 2,21 euros en moyenne dans une banque en ligne et 5,78 euros dans une banque de réseau. Et les paiements sont gratuits, alors qu’un achat par carte de 100 euros coûte 2,78 euros dans les banques traditionnelles. En deux voyages, la carte C-zam peut être rentabilisée ».
De son côté, Compte-Nickel présente entre autres la particularité d’être accessible aux enfants dès 12 ans, sans danger puisque la carte est à autorisation systématique : impossible de dépenser plus que ce qui figure sur le compte. Cette offre atypique lancée en 2010 séduit aujourd’hui plus de 500 000 personnes, bien au-delà de la clientèle fragile visée au départ. « Dans les faits, la clientèle de Compte-Nickel est multiple. Outre des autoentrepreneurs et des indépendants, l’offre a séduit les personnes désireuses de détenir un compte secondaire avec lequel elles peuvent faire des dépenses person- nelles en toute discrétion », constate Romain Espinasse. A l’inverse de C-zam, il est en effet possible de déposer de l’argent liquide sur ce compte, grâce au maillage territorial des buralistes. Il en coûte en revanche 2 % du montant déposé…
Autre nouveau venu de l’univers bancaire, l’allemand N26, lancé en France en janvier, reste pour l’instant confidentiel et séduit plutôt les technophiles : 30 000 Français ont, à ce jour, ouvert un compte chez N26, une banque 100 % mobile, dont l’un des atouts est de proposer une carte Mastercard gratuite, dotée de plusieurs fonctionnalités innovantes. En revanche, N26 comme CompteNickel et C-zam ne propose ni chéquier ni découvert. « N26 fera peut-être davantage la différence plus tard en proposant différents produits d’épargne », anticipe Matthieu Robin, spécialiste de la banque à UFCQue Choisir.
Et les banques en ligne dans tout cela ? Ces acteurs, qui font depuis plusieurs années déjà concurrence aux réseaux traditionnels, ont peu modifié leur offre avec l’arrivée de ces nouveaux venus. « Leur politique commerciale était déjà très agressive, et seule Orange Bank représente vraiment pour elles une menace », explique Florent Jacquet, associé chez Simon Kucher. « Nous offrons la gratuité de notre service depuis 2008, et notre banque est 100 % mobile depuis 2013. Nous estimons que ces nouvelles offres renforcent plutôt notre positionnement », réagit Marie Cheval, directrice générale de Boursorama.
Leur offre reste en effet plus complète et moins chère que C-zam, Compte-Nickel ou N26. Les services d’une banque en ligne coûtent 30 euros en moyenne, contre un peu moins de 200 euros pour une banque à réseau, et 50 euros pour Compte-Nickel. Mais la banque en ligne n’est pas faite pour tout le monde. La plupart de ces établissements conditionnent l’ouverture d’un compte à un certain
Pour qui veut du sur-mesure, la banque à réseau reste plus indiquée que les banques en ligne ou 100 % mobile
niveau de revenu (1 200 euros par mois chez ING Direct ou Fortuneo pour obtenir la carte gratuite, 1 000 euros chez Boursorama) à l’inverse d’Orange Bank, de CompteNickel ou encore de C-zam, qui ne ferment leurs portes à aucun client. De plus en plus de banques en ligne ont toutefois ouvert ces derniers mois leurs services à tous, moyennant le paiement d’une somme mensuelle. Ainsi l’offre Welcome de Boursorama, lancée en septembre dernier, permet l’ouverture d’un compte et l’attribution d’une carte Visa Classic sans conditions de revenus moyennant 1,5 euro par mois. Le consommateur doit, par ailleurs, être suffisamment autonome pour se passer d’agence. Pour du sur-mesure, la banque à réseau reste plus indiquée : si toutes les banques en ligne ou presque proposent aujourd’hui du crédit immobilier, il est par exemple rare de pouvoir y négocier son taux. Certains frais cachés, enfin, peuvent grever le budget de leurs clients, s’ils n’y prennent garde. D’après le comparateur Panorabanques, les découverts sont, par exemple, facturés deux fois plus cher que la moyenne nationale chez Hello Bank ! tandis que Boursorama et Fortuneo facturent de leur côté 20 euros le rejet d’un paiement, dans la moyenne nationale, mais plus cher que dans de nombreux réseaux.
Avant de quitter votre banque, il convient in fine de vous poser les bonnes questions : éprouvez-vous le besoin de faire un chèque de temps à autre ? Etes-vous parfois à découvert ? Souhaitez-vous rencontrer un conseiller et préférez-vous un traitement sur mesure ? Prenez également garde à ne pas multiplier les ouvertures de comptes… vous risqueriez de multiplier les frais. ■