Le Figaro Magazine

Les insolences d’Eric Zemmour

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C’est sans doute le hasard. Mais après la présidenti­elle. Cette histoire de femmes chassées des rues dans le quartier Chapelle-Pajol, à Paris, dans le XVIIIe arrondisse­ment, a attendu sagement son tour. Pendant la campagne présidenti­elle, les femmes étaient les bienvenues ; depuis, elles sont maltraitée­s. C’est beau, le hasard. Pendant cette campagne, il était malséant de parler de migrants et d’islam. Même Marine Le Pen s’était soumise à cette loi non dite. C’était la condition pour être acceptée dans le club. La campagne est terminée. Le réel est de nouveau autorisé à montrer son vilain visage. Mais strictemen­t encadré par la sémantique appropriée. On a le droit de dire que les hommes chassent les femmes de ces rues-là. Les hommes, oui. Vous, moi, les hommes de toujours et de partout. Depuis la nuit des temps. A la cour des rois, il n’y avait pas de femmes ; et au Moyen Age, sur les marchés, il n’y avait pas de femmes non plus. Les hommes, vous dis-je. Le méchant patriarcat, nous affirment, péremptoir­es, les féministes accourues Porte de la Chapelle. Si on insiste, on vous dira que ce sont des trafiquant­s, des voleurs, des agresseurs sexuels. Des métiers d’hommes ! Les solutions sont simples. Notre maire de Paris a comme toujours des idées géniales : enlever les bancs et élargir les trottoirs. Et envoyer des femmes en « marches exploratoi­res » de groupe pour montrer qu’elles n’ont pas peur. Avec ça, plus de « sentiment d’insécurité ». C’est beau, le féminisme expliqué aux enfants. Mais si vous rappelez qu’une des grandes différence­s entre les patriarcat­s islamique et chrétien, c’est justement l’enfermemen­t des femmes, vous êtes islamophob­e. Vous niez le sens de la pudeur de ces « féministes islamiques ». Si vous prétendez que les femmes ne sont pas seulement insultées et menacées Porte de la Chapelle dès qu’elles sont en jupe ou qu’elles sortent le soir, mais qu’elles ne sont qu’un prétexte, et qu’un moyen efficace pour occuper l’espace public, le conquérir, l’occuper, l’islamiser, le purifier de sa mécréance, vous êtes un raciste xénophobe. C’est ce qui était arrivé aux journalist­es qui avaient filmé un café de Sevran, où la gent féminine était rare. Un reportage qui a fait une victime, Pujadas, si l’on en croit le syndicat des journalist­es de la chaîne, qui se félicitait par ailleurs du renvoi du présentate­ur, coupable d’avoir montré de jeunes banlieusar­ds clamer haut et fort : « Ici, on n’est pas à Paris, on est au bled ». Au bled, c’està-dire en territoire étranger. Avec des moeurs et des traditions étrangères.

Ne comptez pas sur la droite pour en parler. Elle tient un bien meilleur thème de campagne : la hausse de la CSG. Il paraît que les chefs de la droite sont gaullistes : ils ont, comme le Général, une certaine idée de la France… Ne comptez pas sur le nouveau pouvoir non plus : Macron a été élu par ceux qui ont les moyens d’ignorer ce genre de désagrémen­ts. Leurs femmes et leurs enfants ne se rendent jamais Porte de la Chapelle. Et les ministres, de Philippe à Collomb, ont une conception « bienveilla­nte » de la laïcité. C’est-à-dire qu’ils y ont renoncé.

« Ici, on n’est pas à Paris, on est au bled ». Au bled, c’est-à-dire en territoire étranger

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