LE RETOUR DES GAUCHISTES
Ce sont les arrière-petits-enfants de Léon Trotski. De lui et de Lénine, ils ont hérité le refus de la démocratie libérale, ainsi que la haine du capitalisme et de son économie de marché. Emmenés par Jean-Luc Mélenchon, ils parient sur des lendemains qui
François Bayrou a confié un jour à ses enfants, après sa décision de rompre les ponts avec la droite au lendemain de la présidentielle de 2007 : « Généralement, les gens commencent révolutionnaires et finissent ministres. Moi, j’ai commencé ministre et je finis révolutionnaire. » C’était bien avant son rapprochement avec Emmanuel Macron. A l’autre bout de l’échiquier politique, un autre homme pourrait compléter cette phrase : « J’ai commencé révolutionnaire, je suis devenu ministre, mais je finirai révolutionnaire. » Cet homme c’est Jean-Luc Mélenchon. Le leader de la France insoumise, trotskiste dans sa jeunesse, devenu sénateur puis ministre socialiste dans le gouvernement de Lionel
Jospin, a refait le chemin inverse pour s’ériger désormais en tenant de la « révolution citoyenne ». Mais, comme toujours avec Jean-Luc Mélenchon, les mots utilisés empruntent au vocabulaire le plus extrême. Il n’hésite pas à employer des expressions qui ne vont pas manquer de chauffer à blanc ses sympathisants et ses supporteurs, au risque de les entraîner vers des débordements.
Ainsi sur le dispositif du gouvernement pour la réforme du
code du travail, Jean-Luc Mélenchon parle sans précaution de « coup d’Etat social ». Difficile de mener un débat serein quand celui qui s’érige en « principal opposant » évoque d’emblée une prise de pouvoir illégale ! Peu importe pour le nouveau député, qui se souvient de ce que disait Talleyrand : « En politique, ce qui est cru devient plus impor- tant que ce qui est vrai. » Alors il martèle son propos :
« Quand vous interdisez au Parlement de discuter sur les milliers de dispositions que prévoit le code du travail […] oui on peut parler d’un coup d’Etat social. » Et tant pis si le recours aux ordonnances prévu par Emmanuel Macron est autorisé par la Constitution de 1958, tant pis si les députés discuteront d’une loi d’habilitation puis d’une loi de ratification. Ce qui compte pour Jean-Luc Mélenchon, c’est de faire monter la température pour mobiliser ses troupes à la rentrée. Comme il l’a assuré dimanche 18 juin au soir du second tour des élections législatives : « J’informe le nouveau pouvoir que pas un mètre du terrain du droit social ne lui sera cédé sans lutte. » Un mot d’ordre repris à sa façon par François Ruffin, député de la Somme, mardi dernier sur RMC, qui explique tranquillement qu’il n’y a que deux →