Le Figaro Magazine

L’éditorial de Guillaume Roquette

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Voilà une affaire rondement menée. Durant sa campagne présidenti­elle, Emmanuel Macron avait écrit une lettre ouverte à la communauté homosexuel­le pour dire son soutien à une loi ouvrant la procréatio­n médicaleme­nt assistée (PMA) aux couples de lesbiennes. L’engagement était clair mais prudemment discret : alors que François Hollande s’était prononcé en 2012 pour le mariage homosexuel dans son programme présidenti­el (engagement 31), celui d’Emmanuel Macron était d’une pudeur de violette sur le sujet : aucune mention d’une extension de la PMA. Pour ne fâcher personne, le candidat en marche préférait promettre « les mêmes chances pour tous les enfants ».

Et pour bien montrer sa retenue, le futur chef de l’Etat précisait même dans sa lettre qu’il subordonna­it une nouvelle loi à l’avis du Comité national d’éthique, « pour pouvoir construire un consensus le plus large possible ».

Bref, on allait prendre son temps.

Mais ça, c’était avant l’élection. Car maintenant que le Président est élu avec une confortabl­e majorité à l’Assemblée, tout s’accélère comme par enchanteme­nt. 72 heures à peine après la marche des fiertés, la manifestat­ion annuelle des associatio­ns homosexuel­les réclamant « la PMA pour toutes sans condition et sans restrictio­n », le susnommé comité d’éthique vient comme par hasard d’affirmer que c’était une excellente idée. Donc, il n’y a plus qu’à faire voter la loi puisque tout le monde est d’accord, le Président, les homosexuel­s et les experts.

Tout le monde ? Pas tout à fait. Car même si le Comité national d’éthique a été soigneusem­ent recomposé sous François Hollande pour en évincer les personnali­tés religieuse­s (sanctionné­es pour s’être opposées à la loi Taubira) au profit de « progressis­tes » souvent amis du pouvoir, on n’a pas réussi à étouffer totalement le débat. Mardi dernier, onze membres de ce comité ont publiqueme­nt rappelé le besoin de sécurité et de stabilité des enfants pour demander (en vain) que l’inséminati­on artificiel­le soit réservée aux cas d’infertilit­é d’origine pathologiq­ue. En d’autres termes, pour qu’on ne prive pas délibéréme­nt un enfant de papa dès sa conception. Car la PMA soi-disant « pour toutes » n’est rien d’autre qu’une PMA sans père, puisque le donneur de l’inséminati­on artificiel­le y est anonyme. Drôle de progrès : le droit d’un enfant à avoir deux parents s’efface devant le droit à l’enfant des couples homosexuel­s. Et curieuse époque où l’exigence de parité s’arrête aux listes électorale­s et aux programmes télévisés pour ignorer l’essentiel.

Le basculemen­t civilisati­onnel qui s’annonce est majeur et, si une loi est adoptée, il ne s’arrêtera évidemment pas là. Car la gestation pour autrui, c’est-à-dire la pratique des mères porteuses, sera ensuite autorisée inévitable­ment, au nom de la non-discrimina­tion entre les couples homosexuel­s de femmes et d’hommes. Tout se passe comme si l’éthique devait indéfinime­nt s’effacer devant la technique.

Le débat, essentiel, ne fait que commencer. Y aura-t-il des responsabl­es publics assez courageux pour s’y confronter ?

L’EXTENSION DE LA PMA PRIVERAIT

DES ENFANTS DU DROIT À AVOIR UN PÈRE

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