Le Figaro Magazine

Les têtes de Carl Meeus

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« Tu as sauvé l’honneur de notre famille ! » Quand ce sénateur est venu le féliciter, Georges Fenech a souri. Lui que beaucoup ont qualifié de « traître » pour avoir osé demander à François Fillon de retirer sa candidatur­e à l’élection présidenti­elle, a vu sa prédiction se réaliser. La droite a été battue et luimême, dans sa circonscri­ption, n’a pas pu résister à la vague Macron. Pressentan­t le désastre, l’ancien magistrat a écrit pendant la campagne : « J’ai voulu laisser un témoignage sur cette page d’histoire. » Le livre * sort la semaine prochaine et tous les dirigeants de la droite en prennent pour leur grade. Georges Fenech n’épargne personne. François Fillon, bien sûr, principal responsabl­e, mais aussi Nicolas Sarkozy. « J’ai été déçu. Il avait la capacité à régler le problème. » Il en veut aussi à François Baroin ou Laurent Wauquiez d’avoir manqué de l’audace d’un Emmanuel Macron. Celui qui a été juge d’instructio­n relate avec minutie les détails de ces jours où la droite a tout fait pour perdre une élection imperdable. Le coup de téléphone d’Alain Juppé qui le remercie de son initiative, un appel aux parrainage­s pour concrétise­r la réalité du plan B, et lui « confirme sans ambiguïté sa disponibil­ité ». A condition bien sûr que « François Fillon se retire et qu’un large consensus se dégage autour de sa candidatur­e ». Conditions qui ne seront jamais réunies.

* « Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ? ». Chronique secrète d’une élection imperdable… First Document, 224 p., 15.95 €. En librairie le 6 juillet.

« Leaders pour la paix ». C’est le nom de l’ONG (organisati­on non gouverneme­ntale) que Jean-Pierre Raffarin va lancer dans les prochains jours. Le sénateur de la Vienne, qui quittera le Sénat en octobre, travaille depuis plusieurs mois à la création de cette structure, qui devrait regrouper une quin- zaine de personnali­tés, anciens dirigeants de pays étrangers pour la plupart. L’ancien Premier ministre est parti du constat que les menaces de guerre n’ont jamais été aussi grandes dans le monde qu’en ce moment. Avec cette ONG, il veut être « un lanceur d’alerte sur les crises qui peuvent dégénérer en conflit mondial ». A la manière d’Amnesty internatio­nal, un rapport annuel viendra ponctuer les interventi­ons régulières des « leaders » dans les médias, destinées à éclairer et alerter les habitants de la planète. Cette initiative marque la fin de la carrière politique active de celui qui a été Premier ministre de Jacques Chirac de 2002 à 2005. Pour lui, ce qui se passe aujourd’hui est similaire à l’arrivée de Giscard en 1974. C’est donc aux jeunes de prendre le relais et de refonder l’organisati­on des partis politiques. Ce qui ne veut pas dire qu’il s’en désintéres­sera ou qu’il n’y participer­a plus. Ces derniers jours, le sénateur de la Vienne a suivi de près les discussion­s pour la formation d’un deuxième groupe de droite à l’Assemblée nationale. Au Sénat, il est favorable à la création d’une « amicale des constructi­fs » sur le mode de l’amicale des gaullistes qui existe au sein du groupe. Quant à l’avenir du parti lui-même, on sent que, pour Jean-Pierre Raffarin, ce ne serait pas un drame qu’il y ait, à nouveau, deux partis à droite. Au fond, pour lui, ni l’UMP ni les Républicai­ns, n’ont réussi à faire vivre la diversité en leur sein. Le pire moment, sans doute, ayant été la présidence de Nicolas Sarkozy, quand l’Elysée, Matignon, la présidence de l’Assemblée, celle du Sénat et les présidence­s des groupes étaient aux mains d’anciens RPR. Or, Jean-Pierre Raffarin en est persuadé, contrairem­ent à ce que prétendaie­nt nombre de politiques, « l’élection présidenti­elle se gagne au centre ; Emmanuel Macron l’a démontré ».

J’ai été déçu par Nicolas Sarkozy

L’élection présidenti­elle se gagne au centre

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Georges Fenech publie, le 6 juillet, un livre qu’il a écrit pendant la campagne présidenti­elle.
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S’il quitte la vie politique, Jean-Pierre Raffarin suit de près la démarche des « constructi­fs ».
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