Le Figaro Magazine

Lecture-Polémique

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Le Comité consultati­f national (dit) d’éthique vient de rendre un avis favorable à la PMA pour les femmes célibatair­es et les couples de femmes, autrement dit la conception artificiel­le d’enfants privés de père.

A l’origine dans les valises du projet Mariage « pour tous » en 2013, la PMA sans père avait été retirée sous la pression populaire tandis que François Hollande saisissait le CCNE pour gagner du temps tout en sauvant la face. Après un renouvelle­ment partiel du CCNE, pour assurer un avis conforme à la commande, voici un avis sans surprise, en faveur de la PMA sans père.

Passons sur la perte de crédibilit­é que s’inflige le CCNE qui s’était prononcé contre cette pratique en 2005. Plus grave est la perspectiv­e d’une légalisati­on de la fabricatio­n d’enfants sans père qui se profile. Ce n’est certes qu’un avis qui ne lie donc personne, mais il pourrait servir de prétexte, de caution, d’occasion. La Convention internatio­nale des droits de l’enfant proclame le droit pour chaque enfant,

« dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux ». Comment une pratique qui organise l’éviction du père pourrait-elle respecter ce droit ? N’y a-t-il pas suffisamme­nt d’enfants privés de père par les malheurs de la vie, que la loi se charge d’organiser elle-même ce manque ?

Les droits de l’enfant ne relèvent pas de la décoration juridique mais du droit internatio­nal, supérieur au droit français : une légalisati­on de la PMA sans père engagera la responsabi­lité de l’Etat français lorsque les enfants demanderon­t des comptes de leur filiation paternelle effacée par la loi. Allons-nous attendre des procès irréels devant une Cour internatio­nale pour prendre les droits de l’enfant au sérieux ?

AUDE MIRKOVIC* *Maître de conférence­s en droit privé, porte-parole de l’associatio­n Juristes pour l’enfance.

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