Le Figaro Magazine

DESTINATIO­N TANGER

- D’ÉRIC NEUHOFF

J’hésite. Il faudrait que j’annule ma réservatio­n au camping des Maures. L’offre est trop tentante. Bernard-Henri Lévy vend sa maison de Tanger. Dans le Sunday Times, deux pages sont consacrées à l’événement. Le penseur pose sur sa terrasse, dans un fauteuil Charles Eames. La chemise blanche est ouverte, mais pour une fois le climat justifie cette tenue.

Il y a une piscine. La villa, reconstrui­te par Andrée Putman, se décline sur plusieurs niveaux. Le philosophe, qui n’a jamais eu peur de l’emphase, la compare à la villa de Malaparte à Capri.

C’est aller un peu vite en besogne. BHL vante les mérites du lieu. Ici, il est capable de rester une journée sans téléphoner, à boire du thé et à ne rien faire. L’argument est de poids. Cette tête bien faite a aussi un corps en parfait état de marche. Nager une heure par jour lui permet de garder cette silhouette de jeune homme. De son bureau, il voit le ciel et la mer se confondre. L’office de tourisme fournit le clair de lune. Le propriétai­re évoque la douceur de l’air, la liberté des moeurs. Une servante en uniforme demande si monsieur a besoin de quelque chose. Est-elle incluse dans la transactio­n ? A côté de Primo Levi, des romans de Nancy Mitford garnissent les étagères de la bibliothèq­ue. Là, il n’est pas interdit de soupçonner la main d’Arielle Dombasle. C’est néanmoins Paul Bowles qui avait rendu Tanger célèbre. L’écrivain américain habitait une HLM. Lévy se sépare de son bien. Il ne semble pas en éprouver de remords shakespear­iens. Le prix est de 6 millions d’euros. C’est l’immobilier à visage humain. J’achète.

L’office de tourisme fournit le clair de lune

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