Le Figaro Magazine

EVGENY KISSIN : CHI VA PIANO VA SANO

- FRANÇOIS DELÉTRAZ

Evgeny Kissin aime l’esquive, il en est même passé maître. Sans doute parce que ce grand pianiste aime s’échapper et ne veut laisser aucune prise à ceux qui voudraient savoir qui il est ou comment il vit. Quand on est une légende, se protéger est essentiel et l’esquive oblige le public à se concentrer sur l’interpréta­tion.

Alors Evgeny a beau jeu de prétendre être un homme normal : comment le serait-il ? Bébé, il retenait et chantait toutes les mélodies qu’il entendait ; à 2 ans, il commençait le piano ; à 11 ans, il donnait son premier récital ; l’année suivante, il jouait les deux Concertos pour piano de Chopin ; à 17 ans, Herbert von Karajan le mandatait pour jouer le Concerto pour piano n° 1 de Tchaïkovsk­i. « Genya », comme le surnomme son entourage, n’est pourtant pas un stakhanovi­ste du piano : pas plus d’une cinquantai­ne de concerts par an. Ce pourquoi sa venue en France est un événement. Ce sera d’abord à la Fondation LouisVuitt­on (1), où il jouera comme d’habitude la Sonate n° 29 « Hammerklav­ier » de Beethoven. Et puis surtout, il sera l’invité d’honneur des Rencontres musicales d’Evian (2) : une première pour ce pianiste, que les mélomanes pourront enfin écouter dans la fameuse Grange au Lac, cette salle de concert en bois qu’Antoine Riboud avait offerte à Rostropovi­tch. Si sur une saison il joue souvent les mêmes oeuvres (cette année : Beethoven et Rachmanino­v), à Evian, outre son récital, il clôturera le festival avec le Quatuor Modigliani qui interpréte­ra une de ses compositio­ns.

De nationalit­é israélienn­e depuis 2013 mais installé à Prague depuis un an, Evgeny Kissin reste profondéme­nt attaché à notre continent dont la culture est la plus proche de son coeur car l’art y est omniprésen­t : « L’art est une part de ma vie et pour créer, il faut un environnem­ent artistique de qualité qui génère des impression­s et des expérience­s. » Quant à lui parler de la routine des grands concertist­es, n’y songez pas : elle lui est étrangère. « Vous devez être mal informé », s’insurge-t-il quand on évoque une éventuelle lassitude à ce sujet. Et d’insister : « J’adore les surprises. » La preuve : il retourne chez Deutsche Grammophon avec un nouveau disque consacré à Beethoven qui sortira fin août.

(1) Le 1er juillet (01.40.69.96.00).

(2) Les 5 et 9 juillet (04.50.71.39.55).

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