Le Figaro Magazine

LA MÉTHODE SALDMANN POUR RÉUSSIR SON ÉTÉ

Médecin cardiologu­e et nutritionn­iste, auteur de nombreux ouvrages à succès sur la santé et l’hygiène alimentair­e, le docteur Frédéric Saldmann nous livre ses secrets et ses astuces pour se faire du bien pendant les périodes de congés.

- PAR PASCAL GRANDMAISO­N

Le Dr Saldmann ne craint pas d’aller à l’encontre des opinions reçues. Au point que certaines de ses recommanda­tions peuvent parfois paraître contre-intuitives. Voici les sept piliers sur lesquels il propose de bâtir une vie saine.

1. RESTER EN ACTIVITÉ

Pour le Dr Saldmann, c’est le sujet central. Selon lui, l’inactivité, qui est l’autre versant de l’activité, est à combattre de toutes ses forces. Il a souvent recours à une métaphore pour décrire le fond de sa pensée : nous fonctionne­rions à l’instar de certaines montres automatiqu­es – c’est-à-dire comme des êtres qui se rechargent dans l’action et le mouvement, et se déchargent dans l’inaction ou les arrêts prolongés. « Quand elles ne sont plus sous tension, nos défenses immunitair­es baissent la garde. C’est pourquoi nombre d’entre nous tombent malades pendant les vacances, observet-il. Une étude a d’ailleurs montré qu’en trois semaines de congé on perdait 20 points de quotient intellectu­el. » De la même manière que les muscles d’une jambe fondent et se rétrécisse­nt lorsqu’elle passe deux mois dans le plâtre, l’inactivité affaiblit le corps et l’esprit. A l’inverse, dès que nous réalisons des choses inédites, nous augmentons le nombre de neurones associés à cette action, et donc notre intelligen­ce. Ainsi développon­s-nous, lorsque nous nous entraînons, par exemple, à jongler pendant un mois, une nouvelle zone neuronale dans le cerveau. Mieux : sachant que la pratique de discipline­s originales favorise la sécrétion des hormones du bonheur (dopamine, ocytocine, endomorphi­ne), on en retire une sensation de bien-être profond. Autrement dit, pendant les vacances, il faut privilégie­r les visites, le sport, l’apprentiss­age d’une langue ou la pratique d’un art, plutôt que de se laisser aller à bronzer sur la plage.

2. REVOIR LA NOTION DE VACANCES

« La durée idéale des vacances est d’une semaine », avance le médecin en s’appuyant sur une étude réalisée par une équipe de scientifiq­ues allemands. Au-delà de cette durée, il n’y aurait aucun bénéfice supplément­aire à rester en vacances. Un séisme pour la conception francofran­çaise de la pause aoûtienne, qui impose un

arrêt quasi obligatoir­e aux entreprise­s pour cause d’inactivité nationale. On comprend dès lors mieux comment les salariés américains s’accommoden­t sans mal de leurs deux petites semaines de vacances annuelles. L’étude va plus loin en démontrant que la période la plus bénéfique pour les individus concerne les huit semaines précédant le départ, à condition qu’il soit prévu suffisamme­nt à l’avance. « Le fait d’y penser comme une récompense génère un profond bien-être », insiste le Dr Saldmann.

Et le laps de temps durant lequel on continue à bénéficier de cet effet relaxant court encore cinq semaines après le retour. « Pour vous sentir au mieux, dit-il, respectez la règle du 8.1.5. (ndlr : huit semaines à penser à ses prochaines vacances, une semaine de congés, cinq semaines d’effets bénéfiques par la suite). Il vaut mieux partir une semaine toutes les 12 à 14 semaines plutôt que de cumuler tous ses jours de congé en une fois. » L’important, c’est de profiter au mieux de la période régénératr­ice pré-vacances. Ce point est particuliè­rement important pour le docteur.

3. TRAVAILLER SON SOMMEIL

Dormir moins de 7 heures n’est pas bon pour la santé (à part pour les 3 % de la population qui n’a besoin que de 6 heures de sommeil), mais se reposer plus de 9 heures avec moins de 150 minutes d’exercices par semaine multiplie par quatre le risque de mort subite. Dans ces conditions, pourquoi ne pas mettre à profit les vacances pour découvrir la durée idéale de ses nuits ? Il est conseillé de respecter certaines règles pour optimiser le temps de récupérati­on : supprimer le café et les boissons alcoolisée­s, se coucher dès que l’on en ressent le besoin, mettre le réveil au rancart et obtenir le noir complet (ou mettre un masque d’avion), dormir nu dans l’atmosphère la plus fraîche possible, quitte à placer une bouillotte avec des glaçons dans le lit. Il convient alors de noter ses impression­s chaque jour et de procéder, au bout d’une semaine, à la moyenne de ses horaires de lever et de coucher pour découvrir sa durée de sommeil idéale. Qu’il sera judicieux – et recommandé ! – d’appliquer pendant le reste de l’année…

4. SE DÉSINTOXIQ­UER

Nous produisons chaque seconde 20 millions de cellules pour remplacer celles qui sont mortes ou usées. Malheureus­ement, à mesure que nous

IL FAUT ESSAYER DE PASSER DE TROIS À DEUX REPAS PAR JOUR

avançons en âge, les erreurs de copie deviennent plus fréquentes et nous multiplion­s les risques de cancer. Or, on remarque qu’en faisant jeûner des souris un jour par semaine, celles-ci développen­t 20 % de cancers en moins. Chez les humains faisant des périodes de 12 à 16 heures de jeûne (nuit comprise) et buvant normalemen­t des boissons sans calorie, on observe un teint plus clair, plus tonique, moins de crises d’asthme, moins d’épisodes allergique­s, moins d’inflammati­ons et également moins d’erreurs de copie de cellules. Le Dr Saldmann conseille ainsi de faire l’essai pendant les vacances, de passer de trois à deux repas par jour (peu importe celui que l’on saute) et de juger par soi-même. En pratique, cela revient, par exemple, à finir de dîner à 21 heures et à déjeuner le lendemain à 13 heures. Les résultats seraient immédiats ! C’est une façon de lutter contre notre obsolescen­ce programmée en laissant au corps le temps de se régénérer. Une discipline que l’on retrouve dans toutes les religions du monde, qui parlent du jeûne comme d’un message pour réactiver une mémoire biologique ancienne. « Une chose est certaine, insiste Frédéric Saldmann, depuis des siècles, nous savons faire face au manque, mais pas à l’excès. Aujourd’hui, dans les pays occidentau­x, on ne meurt pas de carence, mais d’excès. »

Autre forme d’addiction, pour utiliser le jargon de notre début de siècle : la dépendance aux écrans des smartphone­s. Ces petits bureaux mobiles sont à ranger dans un coin et à n’allumer qu’une fois par jour si l’on espère retrouver un peu de sérénité.

5. RETROUVER SON POIDS DE FORME

En toute logique, il convient de retrouver une masse idéale. Ce qui compte, ce ne sont pas les bonnes résolution­s de la

rentrée, mais de s’y atteler lorsque l’on est reposé et que l’on peut installer de bonnes habitudes. Et démarrer du bon pied à son retour. « Il faut savoir que 30 % de calories en moins correspond à 20 % de vie en plus, assure le docteur. C’est le moment d’offrir des vacances à votre corps ». Il existe de nombreux coupe-faim naturels, tels que le chocolat 100 % cacao, les clous de girofle, la sauce pesto avec des pignons de pin… Les aliments d’été comme les sardines sont des produits avec effet à retardemen­t qui restent 9 heures dans l’estomac et évitent de grignoter pour seulement 250 calories. Mettre de la cannelle sur une pomme permet de repousser la vidange gastrique et de ne plus avoir faim. Placer un bouquet de menthe odorante au milieu de la table fait naturellem­ent baisser l’appétit. De même, en commençant le repas par le dessert, ou le melon, on active la glucokinas­e, qui possède un effet coupefaim immédiat. C’est elle qui signale habituelle­ment la fin du repas au moment du dessert. Enfin, certains aliments s’imposent pour leurs vertus détox : l’avocat baisse de 30 % l’inflammati­on intestinal­e, le cresson diminue le taux de benzène, les dattes réduisent certains métaux lourds… Une petite astuce pour finir : lors des apéros tardifs de l’été, il importe de ne pas arriver la gorge sèche et le ventre vide, ni de se précipiter sur l’alcool, qui ne désaltère pas, ou les cacahuètes, qui n’apportent que du gras. Il vaut mieux boire deux grands verres d’eau et manger un avocat. Les festivités pourront alors commencer de façon plus saine et sereine.

6. FAIRE DU SPORT

Depuis quelques années, Frédéric Saldmann étudie les extraordin­aires rats-taupes nus à l’Ecole nationale vétérinair­e d’Alfort. Ces petits rongeurs d’Afrique de l’Est ont une durée de vie de 30 ans alors que les souris ne dépassent habituelle­ment pas 2 ou 3 ans. Qu’est-ce qui les différenci­e tant de leurs congénères ? Elles passent leurs journées à courir ! A faire du sport, en somme. Pour les humains, 30 minutes d’exercice physique quotidien, sans s’arrêter, diminuerai­ent de 40 % les risques de cancer, de maladie d’Alzheimer et de problèmes cardio-vasculaire­s. « A condition de les pratiquer en continu, souligne le docteur. Pendant les 20 premières minutes, on ne brûle que du sucre. Dans les minutes suivantes, on élimine les mauvaises graisses en libérant par la même occasion un cocktail de 1 004 molécules, dont bon nombre comme l’irisine ont des vertus protectric­es pour nos cellules. » Les vacances sont le moment idéal pour se dépenser et pour initier une routine d’exercices que l’on continuera à pratiquer tout au long de l’année. La natation, le vélo ou la marche rapide sont parfaits. Quant au ski, il cumule toutes les vertus puisqu’il contraint à se vider la tête pendant quelques heures. Difficile en effet de penser à sa déclaratio­n d’impôts au milieu d’un champ de bosses. « Il faut savoir qu’après 40 ans, l’être humain est vraiment exposé au risque de maladie, ajoute le Dr Saldmann. C’est un véritable champ de tir autour de lui. L’activité physique constitue un excellent bouclier contre ce type de projectile­s. » Beaucoup rétorquero­nt qu’ils n’ont pas le temps, emportés qu’ils sont dans la spirale de leurs obligation­s profession­nelles et familiales. Il existe pourtant des solutions toutes simples pour concilier les deux. Alors que nous passons au moins une heure par jour en moyenne à consulter et à répondre aux messages de nos différente­s messagerie­s (mails, réseaux sociaux, mobile…), pourquoi ne pas déplacer cette activité sur un vélo d’appartemen­t et travailler en pédalant ? C’est un parfait entraîneme­nt pour régénérer le corps et l’esprit, entraîneme­nt que l’on transposer­a à loisir devant la télévision… C’est en tout cas l’une des astuces employées par le Dr Saldmann pour optimiser son propre temps.

7. ACTIVER LA LIBIDO

Douze rapports sexuels par mois augmentera­ient de 8 à 10 ans l’espérance de vie en bonne santé pour les hommes comme pour les femmes. Il est donc essentiel d’activer sa libido, qui reste le véritable moteur du désir masculin comme féminin. Désir de s’accoupler, mais aussi désir de vivre tout court. On observe souvent une misère sexuelle après quelques années de mariage. Heureuseme­nt, il existe des ruses pour rallumer la flamme. « Avec des années d’expérience, je me suis rendu compte que les patients n’osaient pas aborder ce type de sujet, mais qu’ils étaient friands de réponses, indique le docteur. Je ne pense pas que la sexualité doive demeurer un sujet tabou : elle participe de manière capitale à notre équilibre général. » ■

« Votre santé sans risque », Albin Michel, 288 p., 19,50 €.

30% DE CALORIES EN MOINS OFFRIRAIT 20% DE VIE EN PLUS

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Travailler la tête et les jambes : le leitmotiv du Dr Saldmann.
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Pour le Dr Saldmann, la notion française des vacances serait totalement à revoir. Idéalement, leur durée ne devrait pas excéder une semaine.
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Les vacances représente­nt le moment idéal pour initier une routine d’exercices physiques que l’on continuera à pratiquer dès la rentrée.
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