Le Figaro Magazine

Dans la tête imaginaire de... Lawrence d’Arabie

- PROPOS MIRACULEUS­EMENT RECUEILLIS PAR JEAN-CHRISTOPHE BUISSON

Il y a cent ans, en juillet 1917, l’officier britanniqu­e T. E. Lawrence (1888-1935) opérait un raid audacieux à travers le désert du Nefoud pour s’emparer d’une garnison turque à Aqaba, sur les bords de la mer Rouge. Cet exploit fait partie de la geste héroïque de cet aventurier, archéologu­e, espion et écrivain tragiqueme­nt disparu dans un accident de moto. On ne parvient toujours pas à distinguer ce qui, chez lui, relevait de la légende et de la réalité. Rencontre au paradis.

Peter O’Toole vous a rejoint il y a peu. Que lui avez-vous dit ?

Pourquoi avoir gardé votre pantalon dans la scène de torture à Deraa, dans le film de David Lean ?

Quelles sont les personnali­tés politiques qui vous ont marqué depuis votre disparitio­n ?

Jacques Chirac, quand il a pris la défense des étudiants arabes bousculés par les services de sécurité israéliens à Jérusalem en octobre 1996 ; Gandhi, qui a tenté d’imiter ma façon de me vêtir et de vivre en ascète dans le désert.

D’où est née votre passion pour le monde arabe ?

Un voyage en Syrie en 1909. Je n’avais emporté que le strict nécessaire : un casque colonial, 100 livres sterling, un appareil photo, un revolver, 870 mots d’arabe et des lettres de sauf-conduit du sultan d’Istanbul.

Ce que vous n’aimez pas chez les Arabes ?

Leur corruptibi­lité.

Ce que vous aimez chez les Arabes ?

Leur corruptibi­lité.

Un geste qui vous exaspère ?

Mes amis bédouins qui s’aspergent d’urine de chamelle pour chasser la vermine de leur corps.

Votre plus belle récompense ?

J’ai toujours refusé les décoration­s. Elles vaudront toujours moins que le mot que j’ai reçu de Winston Churchill après sa lecture des Sept Piliers de la sagesse : « Je crois que votre livre durera aussi longtemps que Gulliver et Robinson Crusoé. »

Un souvenir heureux de votre enfance ?

Mes étés en France à bicyclette. Et malheureux ?

Les punitions corporelle­s.

Vos personnage­s historique­s préférés ?

Richard Coeur de Lion, Napoléon et sir Walter Raleigh, ce favori d’Elisabeth Ire qui, accessoire­ment, était un de mes ancêtres.

Vos livres cultes ?

De mon vivant : Guerre et Paix, Moby Dick, Don Quichotte et tout Rabelais. Depuis, je lis et relis les

Mémoires d’un tricheur, de Sacha Guitry. J’adore le titre.

Ce qu’on vous reproche ?

Préférer la compagnie des hommes à la fréquentat­ion des femmes.

A quelle forme d’intelligen­ce êtes-vous sensible ?

L’Intelligen­ce Service.

Un chanteur que vous appréciez ?

David Bowie.

Une musique que vous détestez ?

La Marche turque, de Mozart.

Vos héros de fiction ?

Achille et Patrocle dans L’Iliade.

Votre film préféré ?

Le Cavalier du désert, avec Gary Cooper. Et aussi Priscilla, folle du désert.

Un lieu qui vous fascine ?

La cité médiévale de Carcassonn­e, les vieux quartiers de Damas.

Votre période historique préférée ?

Le temps des chevaliers et des croisades.

Avez-vous des héritiers ?

Dans l’art de raconter leur vie plus grande qu’elle n’est : André Malraux, Jean-François Deniau, Bernard-Henri Lévy.

Un mot sur Erdogan ?

Les sultans turcs se suivent et se ressemblen­t.

Macron ?

Il me ressemble un peu dans sa manière d’être en même temps de droite et de gauche, comme j’étais en même temps occidental et oriental, en même temps britanniqu­e et arabe.

Une devise ?

Faire, c’est bien ; savoir faire, c’est mieux ; mais le tout, c’est de faire savoir.

Ce que vous a dit saint Pierre quand vous êtes arrivé au paradis ?

« Allez vous changer : ici, l’habit fait le moine. »

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T. E. Lawrence par Jacques BenoistMéc­hin (tempus), Vincent-Mansour Monteil (Hachette), et Christian Destremau (Perrin).
A lire : « Les Sept Piliers de la sagesse » et les biographie­s de T. E. Lawrence par Jacques BenoistMéc­hin (tempus), Vincent-Mansour Monteil (Hachette), et Christian Destremau (Perrin).

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