En vue : Joseph Dunford
Pour le 14 juillet, ses hommes défileront sur les Champs-Elysées. Portrait du chef d’état-major de l’armée américaine.
Afin de commémorer le centenaire de l’engagement américain dans la Grande Guerre, la République française offre mieux qu’un boulevard à Washington : l’avenue des Champs-Elysées ! Ni plus ni moins. Sous le regard de Donald Trump, invité d’honneur d’Emmanuel Macron, 145 soldats yankees, en tenue d’époque, feront partie de la troupe qui défilera à Paris le 14 juillet. Pour les têtes en l’air et les durs d’oreille (ceux qui n’auraient pas compris que l’amitié franco-américaine est à la mode cet été), huit aéronefs de l’US Air Force ouvriront le défilé avec la Patrouille de France. A l’heure où nous imprimons, nul ne sait si le général Joseph Dunford sera présent dans les tribunes officielles. Le 19e chef d’état-major des armées des Etats-Unis a sans doute d’autres chats à fouetter. Nommé en 2015 par le président Obama, confirmé par le Sénat et reconduit par Donald Trump il y a deux mois, le boss du Pentagone est sur tous les fronts : lutte contre l’Etat islamique en Irak-Syrie, opérations spéciales au Yémen, manoeuvres de Pékin en mer de Chine, menaces nucléaires de la Corée du Nord, flottements et chikayas au sein de l’Otan, resucée de guerre froide en Ukraine (Crimée et Donbass), etc.
Pas de quoi effrayer ce natif de Boston, d’origine irlandaise et catholique pratiquant, qui a fait toute sa carrière dans le prestigieux corps des marines. Tout comme l’actuel secrétaire d’Etat à la Défense, James Mattis, sous les ordres duquel il a d’ailleurs servi et qui n’est pas étranger à son maintien en fonction : les présidents passent, les marines restent. Semper fidelis, ainsi que le proclame leur devise… Ses quatre étoiles et sa batterie de décorations, Joseph Dunford les a gagnées sur le terrain. En Irak d’abord, lors de l’invasion de 2003. A la tête du 5e régiment de marines, il fut chargé de sécuriser les champs et les puits de pétrole en un temps record (les Américains craignaient que les Irakiens y mettent le feu). Selon la légende, on lui accorda quatre heures pour parvenir au résultat et il s’acquitta de sa mission en moins de deux heures. Info ou intox ? Toujours est-il qu’après deux ans de service en Mésopotamie, il avait acquis le surnom flatteur de « Fighting Joe » (Joe le battant). En 2013 et 2014, nommé à la tête de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Fias) en Afghanistan, il fit preuve d’une qualité autrement plus appréciée à Washington que celles – toujours inquiétantes pour les politiciens – propres au soudard ou au sabreur : la diplomatie. Car il fallait amorcer le retrait progressif du contingent américain, tout en évitant un chaos à la sud-vietnamienne. Ce parcours sans faute lui vaut aujourd’hui, non seulement de piloter la première armée du monde, mais aussi et surtout de conseiller celui qui décide en dernier ressort : l’imprévisible Donald Trump. Une lourde tâche…