Le Figaro Magazine

UNE ASSEMBLÉE DÉLIBÉRANT­E… OU DÉLIRANTE

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Cette Chambre du 18 juin se révèle aussi introuvabl­e qu’improbable. Entrée en session le 4 juillet dans le triomphe de la « société civile » et de la nouveauté, elle s’apprête à se séparer dans une impression d’improvisat­ion et de désordre. Certes, le président de la République est rassuré : il ne voulait pas de frondeurs, il n’en a pas, et ses projets de loi ont été massivemen­t votés. Mais l’inexpérien­ce n’est pas une assurance-vie. « La permissivi­té du Président est sans limites », s’exclamait Christian Jacob, au nom des Républicai­ns, la semaine dernière. Le 4 juillet, Jean-Luc Mélenchon et ses collègues masculins s’étaient présentés sans cravate. Une provocatio­n d’« insoumis » et de « sans-culottes ».

Mais, le 19 juillet, le bureau de l’Assemblée (président, vice-présidents, secrétaire­s et questeurs), dont l’opposition de droite a été exclue, adoptait une délibérati­on sur rapport du président de l’Assemblée, François de Rugy, prévoyant qu’il n’y avait pas lieu « d’obliger les hommes au port d’une veste et d’une cravate dans l’hémicycle ». La provocatio­n devenait de règle ! Où la surenchère allaitelle s’arrêter ? Or, il y avait ce projet de loi pour rétablir la confiance dans la classe politique et parlementa­ire - la loi préparée par Bayrou ! La séance du 26 juillet était présidée par une ancienne socialiste reconverti­e chez Macron, Danielle Brulebois, nouvelle députée septuagéna­ire, qui découvrait que l’Assemblée nationale n’était pas le conseil départemen­tal du Jura… Sans le secours du secrétaire général de l’Assemblée, sa présidence tournait au chaos. C’est alors qu’une fille de député, experte en éducation, rescapée de la vague « En marche ! » dans le Doubs, élue pour la deuxième fois, Annie Genevard (LR), se lève et dit : « Si l’on considère qu’il n’y a plus d’usages dans cette maison, que l’on peut se vêtir comme on veut, se tenir comme on veut, rapporter ce que l’on veut, soit, mais je ne m’y résous pas. Les Français exigent de la tenue et le respect des règles… » On l’applaudit à droite mais aussi à gauche. Parce que chacun comprend que, de surenchère en surenchère, cette Assemblée peut partir à la dérive, sous les yeux d’une opinion exaspérée. Certains n’attendent que ça. Aujourd’hui chambre d’enregistre­ment des projets du gouverneme­nt, son incompéten­ce peut susciter une fronde par accident. Se souvenir que la première chambre introuvabl­e, celle de 1815, fut dissoute par le roi l’année qui suivit.

L’incompéten­ce de cette Chambre peut susciter une fronde par accident

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