En vue : Vincenzo Santo
Pour l’ancien numéro deux de l’Otan en Afghanistan, l’armée italienne pourrait stopper le flux migratoire en Méditerranée en quelques jours.
Depuis le début de l’année, plus de 90 000 migrants illégaux ont débarqué en Italie par la mer et leur afflux met le gouvernement de Rome sous haute pression. Conséquence : dans un pays à bout de nerfs, qui se sent lâché depuis des années par l’Union européenne sur cette question sensible, les propos musclés et tenus sans filtre par le général de corps d’armée (air) Vincenzo Santo dans les colonnes des quotidiens conservateurs Libero et Il Giornale ne sont pas passés inaperçus. Pour l’ancien numéro deux de l’Otan en Afghanistan, aujourd’hui à la retraite, « si le gouvernement le souhaitait réellement, l’armée pourrait mettre fin aux flux migratoires en quelques jours. Il suffirait de lui confier la mission pour laquelle elle a été créée : la défense de nos frontières. » Loin d’être un va-t-en guerre, ce haut gradé au parcours militaire irréprochable, qui dénonce surtout l’absence de volonté politique de l’Europe et l’impuissance volontaire de l’Italie, ne fait que détailler le dispositif que la plupart des états-majors des pays européens riverains de la Méditerranée étudient depuis des années. « Nous avons les moyens de contrôler les côtes libyennes, sans y mettre les pieds, assure-t-il. Les routes migratoires qui nous concernent convergent vers Tripoli : d’un côté, via le Fezzan, de l’autre, en traversant la région sud-orientale libyenne puis le long de la côte d’Ajdabiya. La zone à contrôler est beaucoup plus restreinte, contrairement à ce que l’on affirme. En premier lieu, il faudrait commencer par bloquer les navires des ONG afin de les empêcher d’entrer dans les eaux libyennes ; ensuite, envoyer nos forces spéciales frapper les trafiquants “à leur domicile”, les capturer et les transférer dans nos prisons. Tout cela sans attendre la bénédiction d’organisations internationales et sans crainte de violer une quelconque souveraineté nationale. » Politiquement incorrectes, ces déclarations, qui mettent en lumière le rôle parfois trouble de certaines ONG agissant au large des côtes italiennes sans concertation avec les autorités, ont emporté l’adhésion d’une importante partie de l’opinion publique italienne, surtout dans le sud – dans les Pouilles et dans la province sicilienne de Messine où des maires sont de plus en plus nombreux à refuser d’accueillir des migrants. Un succès populaire – « populiste » pour la gauche et l’extrême gauche – qui a peut-être pesé dans la signature de l’accord du 26 juillet, à Rome, entre le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, et le chef du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, destiné à aider les autorités locales à contrôler leur territoire.